Terror House - Groupe 3

Halloween. Evénement annuel que j’appréciais tout particulièrement. Non, ce n’était pas transmettre la peur qui me plaisait, au contraire, cette fête avait au fil des années troqué son côté glauque et morbide pour quelque chose de plus festif. Certains arboraient des déguisements vraiment très réussis et effrayants, d’autres ne perdaient pas le nord et mettaient toujours en avant leurs attributs physiques avantageux, enfin, les derniers ne se foulaient pas, ou peu et se déguisaient vaguement. Trop commercial pour eux sans doute. Toujours était-il que tous et toutes profitaient de cette occasion pour faire la fête comme il se doit, moi y compris. En plus, cette année, une « Terror House » était organisée, événement parfait pour mettre à rude épreuve les apparences d’homme fort et sans peur de certains ! Personnellement, ça n’avait pas été mon cas, je n’avais jamais joué ce genre de jeu en me faisant passer pour quelqu’un que je n’étais pas et malgré ma carrure, je n’étais pas totalement serein en voyant cette maison extérieurement décorée pour l’occasion. Sombre, lugubre, cette maison ne m’inspirait aucunement confiance et m’arracha même un soupir. Ce fut à ce moment précis que je commençai à me demander pourquoi je m’étais inscrit. Faire face à ses peurs, j’avais connu beaucoup mieux, mais bon, je n’étais pas du genre à me défiler, il était temps d’assumer mon choix.


J’avais cru comprendre que l’exploration se faisait en groupe, mais là, personne à l’horizon, j’étais pour le moment bel et bien seul devant la vaste demeure. Un peu anxieux à l’idée d’y pénétrer seul, j’attendis quelques minutes avant de lâcher un nouveau soupir et de me parler à moi-même. Bon, on dirait bien que je vais devoir y aller seul… Mes pas étaient lents, ils traînaient au sol et ne montraient clairement pas une détermination à toute épreuve. Je m’avançai et ouvris la porte qui fit un peu de résistance mais finit par s’ouvrir dans un grincement très strident. Bel effet, sûrement une enceinte cachée non loin de la porte. L’intérieur de la maison me fit vite oublier cette idée d’enceinte. Et si la maison choisie était réellement aussi flippante ? Et si chaque bruit était vrai, chaque craquement aussi ? Je me tournai alors, histoire de voir si quelqu’un n’était pas dans le coin pour m’accompagner. Personne. Premier puis deuxième et troisième pas dans la maison, la porte claqua dans mon dos, me faisant sursauter au passage. Bon… Sans vérifier si j’étais enfermé ou pas, j’en doutais, je continuai de m’avancer dans cette première pièce. L’atmosphère était pesante, les murs éclairés par les flammes de bougies mais ce qui me surprit le plus, fut le spectacle que m’offrit cette maison lorsque je levai la tête au plafond. Mon visage se décomposa et mon air perplexe laissa place à une grimace un poil apeurée. Des meubles au plafond, qui bougeaient dans un flottement presque marin. Quelle était cette sorcellerie ?!

@Tempérance Henderson // @A. Cherry Cavendish

Ça y est c’est arrivé. Les feuilles dans leurs palettes de couleurs chaudes jonchent le sol et virevoltent de si et là. L’automne est annoncé. Et la forte odeur de citrouille et de muscade dans l’air nous annonce quant à elle que le 31 octobre a débarqué. Halloween les amis, l’époque de toutes les folies, monstres gluants, sorcières hideuses, ou même super héros tout est permis comme déguisement. Les rues se remplissent d’enfants et de rires, ou de cris … Période ou les balances sont mises à l’écart et où les ventres explosent de sucreries. Enfin du moins toutes ses choses sont ce qui se passent dans les familles normales. Chez moi ça a toujours été très différent Halloween. Mes parents ont toujours décidé que c’était que du commercial et qu’il était hors de question de prendre part à toute cette mascarade. Sans compter sur le fait que “sonner chez les gens pour des sucreries c’est mal poli” mon cul oui. Pourquoi tous les gamins du monde pouvaient fêter Halloween sauf moi ? Pour ma part ça a toujours été un soir comme les autres, à rester à la maison à m’ennuyer. Seul mon frère avait tenté de donner une quelconque signification à cette fête -qui nous est au fond bien étrangère-, en tentant chaque année de me coller la frousse de ma vie. Mais voilà cette année je ne suis plus chez moi et je n’ai alors plus à subir le dogme insupportable et débile de mes parents. Pour la première doit de ma vie Halloween me tend les bras et j’ai bien l’intention de les saisir à pleine main. J’avais commencé ma journée par tailler une bonne vingtaine de citrouilles pour décorer la maison des Kappa. Je suis pas mal fière de mon coup, d’autant plus que certaines foutent vraiment les chocottes. J’ai prévu de rattraper chaque foutue année passée chez moi en une seule et même soirée. Pour l’occasion j’ai même investi dans un costume. Le visage blanc, les pommettes bien roses et les lèvres couleurs sang. Rien qu’avec le maquillage vous pouvez deviner que je suis déguisée en une horrible poupée de porcelaine. Ces choses m’ont traumatisé toute mon enfance voilà un bel hommage que je leur rends ainsi vêtu d’une robe rose sanguinolente coupée aux genoux. Mon programme des festivités, dévaliser les maisons pour chopper tous les bonbons, se goinfrer de sucreries devant tous les films les plus gores du monde. Mais avant tout ça, direction la terror house.

Il est 22h quand je me pointe devant la maison. C’est un vieux manoir, un peu lugubre. Je pense qu’ils ont bien la bâtisse, de telle façon à se chier dessus avant même de franchir la porte. Je guette à gauche et à droite un rapide coup d’oeil. Personne, pas une âme charitable de ma connaissance ne se balade dans les environs pour m’aider à affronter ça à plusieurs. Je serre alors mon poing comme pour me donner du courage, mais je sens ce soi-disant courage fuir un peu plus à chaque pas me rapprochant de l’entrée. Je n’ai jamais eu la prétention de me dire insensible à la peur, mais je crois que quiconque me vois ce soir va se moquer de moi en découvrant quel genre de lopette je suis. De ma main déjà tremblante je tourne l’énorme poignée avant de m’introduire dans la maison. Elle est obscure, lugubre et austère. Seules quelques malheureuses bougies tentent de fournir la luminosité nécessaire, mais pour ma part je ne vois pas grand-chose. Je mets un pied dans la maison, fort difficilement d’ailleurs. Le bruit du parquet craquant sous mon pied annonce déjà l’atmosphère du reste de la visite. À peine mon second pied a-t-il franchi le seuil de la porte que celle-ci claque dans un bruit plus que sourd. Je sursaute me retournant face à la porte la main contre la poitrine. Je recule délicatement sans lâcher la porte des yeux, m’enfonçant de la sorte plus loin dans la maison. Soudain mon dos heurte quelque chose, ou quelqu’un dans tous les cas ça bouge. Je me retourne d’une traite en hurlant d’un cri strident et aigüe. “Oh putain, Allen c’est toi ? Tu m’as fait peur chaton.” Chaton ? Pour une fois que ce n'est pas un surnom mesquin que je lui balance en pleine tête. Sans doute la peur qui me fait dire qu’il vaut mieux pas le taquiner afin de le garder en garde du corps. D’ailleurs instinctivement je m’agrippe à son bras sans trop le lâcher. Je ne vois même pas l’utilité de la manoeuvre surtout que vu la carrure de bébé Allen j’ai sans doute plus de chance de m’en sortir par moi-même.