[Délai jusqu'au 30/11] Zara - je chercher un titre

Pourquoi avez-vous choisi d'étudier à l'université de Chicago ? Ca peu paraître bizarre mais je me suis contentée d'intégrer la première qui me répondrait favorablement. A cette époque là, je n'avais plus goût à rien : j'avais placé rêves et ambitions sous la trappe le temps que je m'en remette, que je retrouve cette joie de vivre qui faisait toute ma force.

Quelles sont vos sources de financement universitaire ? J'ai la chance d'avoir des parents qui seraient prêts à tout pour que le futur de leur princesse soit assurez et qu'elle accomplisse ses rêves. Ils m'ont donc aidé en parti : je tenais à m'assumer et à utiliser l'argent issue de mes anciennes compétition de surf et de mon vlog. Ma notoriété en Californie m'a bien aidé.

Que pensez-vous du système de confrérie ? Les confréries sont vitales au campus ! Elles permettent de s'intégrer plus vite et de faire partie d'une famille si on tombe sur une où la solidarité règne. A moins d'être un ermite qui aime la solitude, je pense  qu'on ne peux qu'aimer ce système, même si le bizutage peut un peu faire hésiter les moins téméraires.

D'ailleurs, faites-vous partie d'une confrérie ? Si oui, depuis combien de temps ? Depuis quatre ans, je vais partie des Zeta Psi. On choisit toujours une confrérie et ses membres parce qu'ils sont ce qui nous correspond le mieux, ce qui ressemble le plus à une famille. La confrérie des studieux m'a donc paru comme une évidence lorsque j'ai du faire mon choix. Studieuse est le mot qui me définit le plus, et se situerait juste après les adjectifs qualificatifs "croyante" et "sportive". Le dessin est un talent que j'ai découvert très tôt, qui a commencé avec les gribouillages sur un coin du cahier puis à évolué avec le portrait de maman pour son anniversaire, que j'ai délaissé au profit du surf et repris quand j'avais ma planche en horreur. Devenir Architecte écologique est un rêve, une ambition que je compte bien réalisé. C'est pourquoi je bosse d'arrache pied pour y arriver, réussir mes examens et obtenir mon doctorat. Je ne peux pas faire autrement vu qu'être nonchalante ou procrastinatrice n'est pas mon genre. Si je le devenais un jour, j'en mourrais ! Mais organisée comme je suis, ça ne risque pas d'arriver : j'ai un système de classement et d'organisation infaillible qui me sauve la vie lors des révisions.
Au début, mon bizutage n'a pas été de tout repos et les membres ont eu du mal à m'accepter. J'ai du nettoyer la salle de bain et les toilettes, avec une brosse à dents... ça m'a pris des heures pour terminer ! Pendant longtemps on m'appelait miss pipi. Une fois, on m'a demandé de manger une côte d'agneau, mais comme j'ai refuser, j'ai du embrasser le premier gars qui serait dans les parages : je n'ai pas vraiment pris le temps d'apprécier, mais je l'ai fait.
Aujourd'hui je ne me séparerai d'eux pour rien au monde. Depuis la fin de mon bizutage, ça fait trois ans que nous cohabitons et que j'ai pu nouer des liens assez solides avec certains d'entre eux.

Je suis née au milieu du printemps alors que les premiers rayons de soleil apparurent.  Mon père est un Canadien québécois qui a quitté Montréal à bord d’un navire pour intégrer la marine et ma mère est une cavalière néo-zélandaise émérite. Ils se sont rencontré dans une église protestante  à Vancouver et ne se sont plus séparés. C’est donc dans cette ville merveilleuse que j’ai vu le jour.  Tous deux croyants, ils m’ont donné pour prénom Zara Joy. Le premier est dérivé du prénom hébreu Sara qui veut dire princesse : en y ajoutant Joy, ils ont fait de moi leur princesse  joyeuse. A l’adolescence, j’ai préféré que les gens (en dehors de ma famille) se limitent à juste m’appeler  Zara.

Quand j’atteignis l’âge de six ans, notre famille déménagea pour le sud-ouest des Etats Unis d’Amérique. Santa Barbara  n’est définitivement pas comparable à Vancouver tant aimé, mais avec le temps, je me suis attacher à la Californie et à ce soleil qui reste au beau fixe en toute saison. Célébrer les fêtes de fin d’année entourée de palmiers et de gens en bikini est très bizarre les premières fois. Maman arrêta la compétition : on vivait désormais dans un ranch où elle donnait des cours d’équitation. De mon côté, je suis tombée amoureuse de la mer et des sports aquatiques : à 10 ans je participais à ma première compétition de surf. J’en suis sorti quatrième mais fière et déterminée à rester sur ma lancée. Au fil du temps je me suis nettement améliorée grâce à mon entraîneur et je me trouvais régulièrement sur le podium parmi les trois premiers. Avec la notoriété sont venus les sponsors et l’argent… j’aurais pu devenir arrogante et prétentieuse si mes parents ne faisaient pas en sorte que je garde les pieds sur terre et que j’apprenne ce qu’est l’humilité.  Il faut dire que ma bande d’amis surfeurs y contribuait aussi. Je peux déclarer sans aucun doute que c’est en Californie que j’ai découvert qui j’étais, en dehors de la sphère familiale où je n’étais qu’une fille studieuse, douée pour le dessin  et croyante. C’est en m’ouvrant aux possibilités que le monde m’offrait que j’ai pu réaliser que j’étais sportive et dynamique, que j’’était une écolo végétarienne qui s’ignorait et capable de se faire des amis très facilement. Je n’étais pas encore très sûre de ce que je ferais en étais plus grande à part que je voudrais avoir un métier qui me permettrait d’exercer ma passion pour le dessin, d’avoir un impact positif sur le monde et de surfer jusqu’à ce que mon corps en ait la force. En voyageant pour les compétitions, j’ai accumulé plusieurs vidéos sur mes séjours qui racontaient mes aventures : c’est à cette période que j’ai créé ma chaîne sur YouTube et à y poster des vlogs parlant de mes passions, de mes voyages et de mes convictions personnelles. En résumé, j’exposais ma manière de vivre, tout ce qui faisait que j’étais moi.

Tout allait bien dans ma vie jusqu’à ce qu'il se produise l’insoutenable… J’avais dix-sept ans, plein de rêves dans la tête au sujet de mon futur et j’entamerais bientôt des études pour travailler dans l’architecture écologique.  Ce matin-là, comme à notre habitude mes amis et moi allèrent surfer très tôt avant de commencer les cours. Nous avons beaucoup rit, nous nous sommes disputé les vagues et la victoire  du meilleur surfeur du jour. La seconde suivante les cris succédèrent aux éclats de rire. Un requin avait happé Camden vers le fond …  il l’avait mordu au niveau du buste et en avait pratiquement arraché la moitié. Son corps remonta à la surface et il avait déjà perdu beaucoup de sang. Les garçons les plus courageux attrapèrent sa planche et le tirèrent durant notre fuite. J’avais eu la peur de ma vie : sans penser ni à Camden ni à mes amis, je fus la première à essayer de rejoindre la plage. Le trajet me parut durer une éternité tandis que mes mains pagayaient machinalement : j’étais passé au mode automatique, je ne ressentais rien en dehors d’une peur viscérale, pas même la fatigue. Une fois arrivée sur le sable, les garçons ont appelé les secours et une ambulance est arrivée plusieurs minutes après. Durant l’attente interminable, notre ami est mort sous nos yeux.

Je m’en suis toujours voulu d’avoir fui sans regarder en arrière, de ne pas avoir été aussi courageuse et héroïque que les autres. Devenue squalophobe, il m’était impossible de monter sur une planche de surf ou de m’éloigner de la plage de plus de cinq mètres. J’avais même arrêté de charger des vidéos sur ma chaîne. Pour fuir ce souvenir douloureux et mes cauchemars, j’ai quitté les plages californiennes et abandonné mes amis pour étudier dans la première université qui répondrait positivement à ma demande : Chicago. Encore une nouvelle ville et une nouvelle vie à laquelle m’adapter. La transition fut difficile à cause de ma dépression. Je ne pensais qu’à m’enfermer dans ma chambre en revenant des cours et j’aurais pu continuer ainsi encore longtemps si ma famille ne m’avait pas fait la surprise de venir pour me remettre les idées en place et me botter le derrière. Grâce à eux, j’ai repris du poil de la bête. J’ai retrouvé mon optimisme. En renonçant au surf, j’ai pu me consacrer bien plus au dessin ainsi que d’autres forme d’art et exprimer mes idéaux. Lorsque j'en eu la possibilité, je rejoignais la confrérie des Zeta Psi un an plus tard car j'en avais toujours rêver.. je ne savais pas que je devais d'abord en baver. L’intégration en tant que bizut n’a pas été facile et loin d’être gagnée d’avance. Imaginez, une fille qui ne mange pas de viande et qui force les autres à se taire pendant qu’elle bénit le repas par une prière, ce n’est pas évident de vivre avec. Du coup, ils ont été assez vache avec moi au début en me donnant les défis les plus ridicules et humiliants, mais ça ne m'a jamais découragé. Puis un jour j’ai dû en refuser un parce qu’il allait à l’encontre de mes valeurs : les bizuteurs voulaient me faire manger une côte d’agneau saignante ! Pour eux ce n'était rien de bien méchant mais il était hors de question que j’accepte et de toute façon, cela me répugnait bien trop pour que j'arrive à en avaler une seule bouchée. J’étais sur le point d'être renvoyer et de voir tous mes efforts réduit à néant quand ils m’ont donné un autre challenge, une chance de prouver que je voulais vraiment être des leur. Je devais embrasser le premier gars qui pousserait la porte du hall. J’ai accompli ma mission sans m’attarder sur la personne, sur son visage ou son odeur ; et ce, pour n’en garder aucun souvenir. Tout le monde fut surpris et moi la première. Sur le moment, je regrettai amèrement mais en voyant que je remontais dans leur estime, je me remis très vite de ce double affront. On put enfin faire connaissance : ils étaient des jeunes comme les autres, avec des rêves, des déceptions et beaucoup de talents. Quant à eux, ils constatèrent que je n’étais pas la grenouille de bénitier qu’ils pensaient mais une fille assez cool qui avait failli être la reine du surf. Depuis je suis bien intégrée et je remercie Dieu pour le fait que je n’aurais plus à faire de bizutage de ma vie. Bien qu'on ne puisse pas s'entendre avec tout le monde, la confrérie est devenue mon deuxième foyer, presque une deuxième famille. Je suis assez satisfaite de ma vie actuelle même si j’ai encore peur des requins alors que la mer me manque, ma planche me manque et même si je garde encore un goût d’échec.