stand by me (jade)

Pourquoi avez-vous choisi d'étudier à l'université de Chicago ? Tout simplement parce que c’est évidemment l’une des meilleures universités de notre pays. Et puis il faut dire que mes parents ainsi que ma grande soeur y sont tous passés. Je devais donc venir ici faire mes preuves et décrocher mon doctorat.
Quelles sont vos sources de financement universitaire ? Mes parents ont la bonté d’assurer tous mes besoins, bien heureusement pour moi.

Que pensez-vous du système de confrérie ? Je le trouve très sympa, cela permet de faciliter l’intégration pour les nouveaux qui arrivent sur le campus. J’aime la citation qui dit : “ nous ne choisissons pas notre famille, mais nous faisons le choix de nos amis “. Pour moi la confrérie est décidément ma seconde famille.

D'ailleurs, faites-vous partie d'une confrérie ? Si oui, depuis combien de temps ? J'entame ma cinquième année au sein des Zeta Psi et je dois avouer que je n'en changerai pour rien au monde. Lors de mon arrivée, je n'ai pas réellement hésité longtemps avant de faire mon choix et de postuler pour intégrer cette confrérie. Les personnes qui la composaient m'avaient super bien accueilli et cette ambiance studieuse m'avait de suite conquise. Je savais qu'un bizutage m'attendait si je décidais de tenter de les rejoindre et cette simple idée m'avait pétrifiée même si l'envie de me mettre à l'épreuve me rongeait. Des petits défis m'ont été donné comme par exemple réciter quelques vers de Shakespeare à l'envers, déposer des lettres anonymes dans certains casiers d'élèves, fournir toute la collection des Disney à la fraternité. Honnêtement je m'étais attendue à pire, peut être avaient ils été plus cléments envers moi qu'envers certains autres nouveaux ? Bref, ma première année s'est plutôt bien passée si l'on ignore les kilomètres de rouleaux PQ déroulés dans ma chambre sur le campus. Depuis petite mon père n'a qu'un mot à la bouche pour sa progéniture, travaille et tu deviendras. Malgré le fait que je n'ai pas de très bons rapports avec lui, je sais qu'au fond il a raison et espère décrocher mon diplôme avec un des meilleurs scores possibles.  

“ Félicitations, c’est une fille Mr et Mme Disney, comment allez vous l’appeler ? “ annonça l’infirmière qui tenait le petit bébé dans ses bras. Le regard des deux parents se croisèrent et ils répondirent à l’unisson : “ Jade Oceane Disney “. C’est à l’occasion d’une belle journée de printemps que la cadette des Disney vit le jour, à l’hôpital de Chicago aux États Unis. Après quelques jours à la maternité, les parents de Jade rentrèrent à la maison avec elle avec l’objectif de la présenter à sa grande sœur, restée à la maison avec sa grand mère le temps que l’accouchement soit fini. Alors que cette dernière avait réclamé mainte fois à ses parents une petite sœur, l’arrivée du nourrisson ne se fit pas sans encombres. Sans doute était ce à cause du fait que Jade prenait quasiment toute l’attention de la maison et que son père devrait bientôt reprendre le boulot sans avoir passé son temps à jouer avec Sarah comme prévu à chaque vacances. On pouvait déjà imaginer que les deux auraient des caractères complètement opposés. C’est ainsi que commença la vie de Jade.

Quelques années s’écoulèrent et le gouffre qui s’était creusé dès le début ne se referma pas entre les deux sœurs. Au contraire, plus elles grandissaient et plus les rivalités explosaient au grand jour, multipliant les disputes. Leur mère avait cependant une préférence pour Jade, bien plus posée et chaleureuse que sa sœur aîné. Leur père, lui, n’était pas du genre à préférer l’une ou l’autre ou du moins peut être ne le montrait il tout simplement pas. En fait il était plutôt difficile de comprendre ce qu’il ressentait vu le peu de temps qu’il passait à la maison. “ T’as beau te mettre du gloss, ça te créera pas une nouvelle tête “ lâchais Jade à l’attention de sa sœur occupée à se maquiller devant le miroir de la salle de bain. Cette dernière grognait et continuait de s’appliquer du mascara puis se décidait à mettre un coup de coude à sa cadette pour lui faire comprendre sa manière de penser. “ Tu dis ça parce que t’es jalouse “ lâchait t-elle.

Arrivée au collège puis au lycée, les deux jeunes filles ne se faisaient pas de cadeaux. Jade était plutôt du genre travailleuse, au contraire de sa sœur qui préférait collectionner les soirées arrosées. Parfois, elles ressentaient toutes les deux l’envie de se rapprocher et tentaient le coup, mais ces bonnes résolutions disparaissaient bien vite. Un jour, alors que Jade cherchait dans une vieille malle de quoi faire une grosse blague à sa sœur cette dernière tomba sur une lettre manuscrite ornée d’une très belle écriture. “ Chère Amour “ était il écrit. “ Si je t’écris cette lettre c’est que je me dois de te dire la vérité. Notre relation ne peut décidément plus durer, ton mari nous est presque tombé dessus la fois dernière et tu m’as annoncé que tu étais enceinte… Comment pourrais …. “ Jade s’arrêta de lire lorsqu’elle décrypta la date de l’écriture de la lettre : “ Septembre de l’année 1992 “, un an avant sa naissance donc. Depuis cette découverte, un gouffre s’est crée entre sa mère et elle, laissant le champs libre à sa grande sœur. Sa mère n’a même pas cherché à comprendre, ayant déjà deviné lorsque sa fille était rentrée un jour des cours, le regard hagard.

“ Tu es prête ? “ demanda une jeune fille à l’air surexcitée. “ Tu as cinq minutes pour mettre ces confettis mélangé à de la farine dans les casiers que tu vois là. “. Un peu stressée par l’épreuve qui l’attendait, Jade se tortilla une dernière fois les doigts avant de saisir le paquet bien fourni. “ C’est parti “ lâcha t-elle en remplissant intégralement les quatre casiers qu’elle visait. Bien heureusement, tous les défis que lui ont donné les Zeta Psi se sont bien passés et Jade pu arborer très vite leurs armoiries. Ce système de confrérie pouvait parfois apparaître sectaire, pourtant c’est grâce à celui ci que je parvenais à me recréer un semblant de famille. Depuis ma découverte, je rentrais le moins possible afin de ne pas affronter le regard de mon père à qui je cachais une vérité dévastatrice. Mais c'est aussi ma mère que je fuyais, essayant de me mentir à moi même en me persuadant du mieux que je pouvais qu’elle ne me manquait pas. J’en suis désormais à ma cinquième année et espère avoir mon doctorat en poche comme il se doit.