azraël ✰ tu iras dans les villes de papiers et n'en reviendras jamais

Pourquoi avez-vous choisi d'étudier à l'université de Chicago ? Quand on née à Chicago, on meurt à Chicago. Ou tout simplement parce que c'est la solution de faciliter. Après tout, pourquoi chercher à intégrer une université à des milles et des milles alors qu'on peut avoir la chance d'étudier près de chez soi ? Très honnêtement, j'ai postulé nul part ailleurs. Par manque d'envie et surtout parce qu'il était évident pour moi que je serais acceptée ici. Faut dire que pas mal de gens s'battent pour rentrer ici, il aurait été idiot de ne pas tenter sa chance. De toute façon, j'ai été admise sans aucun effort et si l'argent de papa a peut être bien contribué (ne nions pas cette société de pourri marchant à l'argent) je compte bien prouver que j'ai ma place ici. Mes études, mes choix, moi tout simplement. L'université de Chicago c'est une façon de faire mes preuves et de fermer le clapet à ceux qui pensent que sans argent, je ne serais rien. J'ai choisi cette université parce que c'est ici que je pourrais évoluer.

Quelles sont vos sources de financement universitaire ? Merci papa, merci maman. En fait, merci papa. Parce que maman, elle n'avait pas grand chose comme tout les Summers-Hogan puis elle a épousé le riche du coin et hop, bonjour Chanel adieu Kiabi. Et peut être par fierté à t'elle voulu garder son nom. Sûrement. Quoi qu'il en soit, papa paye tout, comme toujours. L'université, les bouquins, les dépenses. Bref, tout. Alors oui, je vous vois venir de loin "petite fille à papa" sera mon surnom mais aucun d'entre vous ne refuserait de l'argent donné. J'ai ce que je veux, je fais mes études et n'en déplaisent aux autres, j'irais pas travailler chez Mac'do pour me mettre à un autre niveau.

Que pensez-vous du système de confrérie ? Je pense qu'une université sans confrérie doit être bien fade. Faut quand même avouer qu'appartenir à quelque chose de particulier pendant toute sa formation universitaire, c'est non négligeable. Premièrement parce que ça forge la réputation, la popularité et deuxièmement parce que ça donne l'impression de trouver une seconde famille. Alors oui, il est évident que j'approuve totalement ce système. Trouver des soeurs avec les mêmes passions, les mêmes envies, ça serait beaucoup plus difficile sans, non ?

D'ailleurs, faites-vous partie d'une confrérie ? Si oui, depuis combien de temps ? Bien sûr, comment aurais-je pu l'éviter ? C'est sans aucune hésitation que j'ai choisis les Alpha Omicron Pi et que j'y suis depuis maintenant trois ans. Pourquoi ? Parce quelle représente tout ce qui me plait. Le mystère. Les Alpha, c'est une question d'apparence. Et si beaucoup pourraient penser qu'une bande de petite écervelées sans aucune culture y trouve leurs place, c'est faux. Etre une Alpha, c'est jouer un double jeu. C'est allier la beauté, l'élégance et le charme à la fourberie, l'intelligence et la jugeote. C'est laisser les autres penser qu'on représente la stupidité mais être capable de manipuler n'importe qui. C'est ça qui me plaît. La double face, les deux côtés et savoir qu'on peut compter sur ses soeurs peu importe la situation. C'est faire preuve d'une imagination débordante et d'un sens tactique hors pairs pour mettre à flot des vengeances digne de ce nom. C'est être une femme forte et ne pas se mélanger.

Je suppose donc que j'ai passé le bizutage avec brillo puisque je suis encore là pour en parler. J'avouerais quand même que c'était pas la partie la plus sympathique. Si les Alpha devraient être réputés pour une chose ça serait probablement leur dureté. Il faut le mériter pour faire partie de cette confrérie et c'est ce qui les -nous- poussent à être ferme et parfois impitoyable avec les nouvelles recrues. J'en ai bavé, je dirais même que parfois, je devenais complètement folle mais je suppose que j'avais assez de cran pour réussir à le surmonter. C'était pas un petit quizz en position de poirier ni même une course dans la forêt qui pouvait m'faire lâcher pas vrai ? Faut par contre préciser que passer la nuit sur un poteau façon Koh Lanta en récitant les noms de chaque fille de la maison ainsi que leurs qualités, c'était pas la meilleure partie mais je préférais encore ça au fait de traverser le campus avec pour seul sous vêtement une feuille de bananier. Mais après avoir prouvé mon intelligence et ma résistance physique, y avait plus rien pouvant me recaler. Un petit conseil si vous souhaitez nous intégrer ; accrochez vous.

Un jour, tu viens à la vie. Dans un milieu que tu n'as pas choisi, dans une famille que tu n'as pas choisi, au milieu de personnes que tu n'as pas choisi. En fait, c'est ça vivre. Ne pas choisir et t'adapter à tout puisqu'on ne te laisse pas le choix.

Silence. Il n'y a que le silence autour de toi et tu détestes ça, toi, le silence. Petite fille d'une famille de riche. Reprenons, petite fille d'un papa riche. Maman a été intelligente. Plus intelligente que les Summers-Hogan dans tout les cas. Épouser un homme disposant d'une compagnie d'informatique. Épouser un avenir prometteur. C'est ce qu'elle a fait sans hésiter une seule seconde et dans la mêlée, tu venais au monde. Papa aurait préféré un garçon, maman voulait perdre le poids que tu lui avais donné. On connait de meilleures conditions. Mais t'étais là et tu grandissais comme tout les enfants. Avec des rêves pleins la tête, des envies sordides et une fascination peu commune pour les mystères. Peut être étais-ce pour ça que tu étais finalement devenu un mystère pour les autres. Azraël Summers-Hogan, l'intrépide, la compliqué, l'étrange, la fascinante. Au fond, t'avais toujours aimée ces qualificatifs pour parler de toi. Tu voulais pas rentrer dans le moule, tu voulais pas être banale. Et puis, tu ne l'étais pas. T'étais Azraël l'indomptable, la fille aux jeux tordus, le mystère humain que personne ne comprenait. Bien loin de ce que tes géniteurs avaient prévus pour toi. "Tu seras belle Hazel, tu seras intelligente et tu feras de grande chose. Tu trouveras un riche mari et tu n'auras jamais à te soucier du besoin." Bien sûr que tu étais belle, intelligente tu l'étais aussi et forcément, tu voulais faire de grande chose. Mais tu ne trouverais pas de riche mari, tu ne serais pas une femme au foyer comme maman et tu marquerais les esprits parce que tu étais toi. C'était ça ton truc, marquer les esprits. Faire tout toi même et cultiver cette facette de toi qui intriguait. Être différente, être intrigante, construire TA légende.

Déjà gamine, tu marquais les choses à ta façon. Toujours un peu en retrait, toujours en train de réfléchir, tu choisissais soigneusement tes mots, tes amis, tes sorties. Rien n'était laissé au hasard, jamais tu ne le faisais. Maniaque du contrôle peut être. Toujours tout diriger, mener des investigations digne de toi même. Si tu pouvais faire une comparaison, tu serais un doux mélange entre Blair Waldorf, fille huppé, branché et dirigeante de tout. Ainsi que de Margo Roth-Spiegelman. John Green avait probablement calqué son personnage sur toi même, ou alors tu t'y identifiais beaucoup trop. Quoi qu'il en soit, tout comme Margo, tu comparais les gens à des personnes de papier. Des personnes de papiers dans des villes de papier ne s'intéressant jamais aux choses vraiment importantes. Mais tu restais Azraël et ton simple passage suscitait la curiosité. Gamine intrépide, tout le monde voulait être ton ami mais toi, tu n'étais pas amie avec grand monde. T'avais ta bande, ton cercle, ça s'arrêtait là. Et probablement que tu méritais mieux mais il était toujours plus facile de monter tes plans avec eux. Gosses de riches avec des besoins d'évasions, gosses de riches avec des envies de rebellions. Gâcher les soirées mondaine, précipiter la voiture flambant neuve de papa dans le mur, colorer les robes de maman, échanger les rendez-vous, fumer dans les toilettes du lycée, créer des vengeances sordides, créer des vengeances remarquables, sortir du commun. T'étais fatigante, t'étais un mystère, t'étais toi finalement.

Et puis t'avais grandis, t'intégrais l'université de Chicago comme tu l'avais voulu et il était temps de passer à la case supérieure. Toujours plus de mystère, toujours plus de plan. La première année, tu restais en retrait. Pas de confrérie, pas de choix. Tu voulais les étudier eux, choisir ce qui te convenait vraiment, ne pas faire d'erreurs. Comme toujours, tu ne laissais absolument rien au hasard. Peut être avais-tu étais un peu trop discrète. Mais c'était pour mieux briller par la suite, sans aucun doute. Deuxième année. Les Alpha Omicron Pi t'étais destinés. Tu les avais choisis et t'étais fin prête à intégrer leurs rangs. Comme des animaux de laboratoire, tu les avais étudiées, tu les connaissais sans même leurs avoir parlés et tu savais ce que tu avais à faire. Le bizutage était presque comme un jeu d'enfant, du moins c'est ce que tu dis maintenant. T'as pourtant du t'accrocher pour réussir, pour faire tes preuves. Résultat, t'avais gagné. Tu faisais partie de la maison et tu employais le mot "soeur" à tout bout de champs. Mais tu restais Azraël et tu ne vivais que pour toi, tu restais Azraël et le commun ne t'attirais pas. Tu te faisais un nom, une réputation. T'étais celle qu'on approchait pas, celle qu'on regardait de loin sans jamais toucher comme une pauvre poupée fragile en exposition et pourtant, t'étais plus solide que la plupart d'entre eux. T'avais construis ton image d'un bout à l'autre pour ne pas qu'on te comprenne, pour ne pas être découverte. Et maintenant, t'avais vingt deux ans, toujours la même, toujours insaisissable. T'étais ce que tu avais toujours voulu être, tu n'étais pas eux. Et avec un sourire moqueur sur les lèvres, tu continuais tes jeux, ta loi, être toi.

Vient un jour où l'on commence à faire ses propres choix. Ne plus faire partie d'eux, choisir ce que tu veux. Aimer les mystères et en devenir un. Faire de sa vie un jeu.