The Phoenix Reborn - Ft. Freya R. Sawyer & Matthiew J. Krummer

Le temps vent est rafraîchissant et la vue splendide. Tout est si calme ici alors que cette ville est en constant mouvement sous vos yeux. Tu es là à contempler le spectacle tout en pensant à ta petite soeur. Vous êtes déjà venues ici toutes les deux. Le temps d'une seconde, la pomme dans laquelle tu t'apprêtes à croquer se retrouve entre les mains de Matthiew. «heyyy!», dis-tu d'un air faussement outré alors qu'il en prend une boucher. Tu rigoles et penses sérieusement à aller goûter la pomme directement sur ses lèvres, mais te ravises. En temps normal, tu ne te serais pas gênée, mais ton but ce soir c'est de lui remonter le moral et non de le ramener dans ton lit. Pas du tout dédaigneuse, tu lui reprends ladite pomme et la croque. Ce contact indirecte avec ses lèvres te suffira pour le moment. Tu ne peux enlever ce sourire stupide et amusé sur tes lèvres. Tu devras t'y faire il faut croire. Vous restez un moment silencieux puis le beau brun prend la parole. «C'est ma sixième année à l'université. Et toi ?» La maison des Delta est maintenant devenue ton chez toi. C'est tout de même normal de te sentir chez toi après tant d'années à côtoyer tes frères et soeurs de confrérie plus déjantés les uns que les autres. À bien y penser, cela faisait un moment que tu n'avais pas passé une soirée aussi calme. Tu ne t'en plains pas, car tu apprécies la présence de Matthiew tout simplement. Perdue dans tes pensées, tu n'as même pas remarqué que Matthiew n'a pas répondu à ta question. Quand tu l'entends dire un mot dans une langue étrangère, tu le regardes. Les yeux fermés, il ne semble pas bien. Tu fais une moue déçue en te disant que ta tentative n'a pas fonctionné. Tu n'as pas réussi à lui changer les idées. Tu poses une main dans son dos en tentant de le calmer. «Ça ne va toujours pas. T'as envie d'en parler?» Voilà que tu agis avec lui comme si vous étiez des amis de longue date. N'importe quoi! Il faut croire que le côté tactile d'Hélios déteint carrément sur toi. Tu appréhendes la réaction du jeune homme... Soit il le prendra bien ou il te trouvera carrément trop amicale et te repoussera. Ce n'est pas tout le monde qui aime les contacts physiques aussi anodins soient-ils..  

Tu lui tends la perche. S’il ne veut pas parler de ce qui ne va pas tu comprendrais. Tu n’aimes pas trop parler des périodes difficiles. Tes meilleurs amis connaissent ce que tu traverses, mais tu préfères t’amuser et rire avec eux plutôt que de te morfondre. Quand tu veux en parler, tu choisis des gens qui ont connu ta petite sœur comme Alaska ou bien Jake. Tu soupires quasiment de soulagement en voyant qu’il n’a pas de mouvement de recul face à ce contact entre ta main et son dos. Tu te penches vers l’avant pour entendre davantage les paroles qui sortent de sa bouche. À peine perceptibles, tu n’aurais pas dû comprendre en temps normal, mais ton oreille s’est plutôt affinée lors de ces nuits que tu as passées à somnoler dans un fauteuil à côté du lit de ta petite sœur à guetter le moindre bruit suspect. «Ça ne paraît peut-être pas comme ça, mais j’suis capable d’en  prendre.», le rassures-tu. Tu essaies tant bien que mal de ne pas replonger dans ton passé et repenser à tes propres moments durs, car Matthiew a besoin d’être écouté. Tu te trouves complètement vers lui et replies tes jambes contre ta poitrine pour y appuyer ta tête. La mort de son frère? Tu as un mouvement de recul comme si on t’avait foutu une claque en plein visage. Il a perdu son petit frère et, toi, ta petite sœur. Le destin? Tu n’y crois pas. «C’est dur de perdre une personne aussi importante... les voir dériver sans pouvoir les aider. Ça détruit tout en une fraction de seconde.», dis-tu. Tu sors ça comme si tu savais comment s’étaient déroulés les événements, mais c’est à ton expérience que tu penses, le regard dans les vagues. Au pire des cas, tu t’es égarée et il te dira que ça ne s’est pas réellement passé comme ça.

Bizarre. Oui, tu trouves tout ça très étrange. Combien de chances avais-tu de tomber sur un garçon qui a vécu la même chose que toi? Très peu. C’est donc pour ça que tu restes muette un instant lorsque Matthiew annonce que tout a commencé avec la mort de son frère. Il a raison… Tes parents s’éloignent. Ton père se tue à la tâche en travaillant et ta mère boit pour oublier. Pourtant, comme toi, ils ont eu toutes ces années pour se préparer à cette éventualité. Par contre, tu n’as aucune rancœur envers eux, car la perte d’un enfant est un obstacle très grand. «J’comprends ce que tu veux dire.», dis-tu en hochant la tête. Tu n’oses pas lui dire que tu vois les choses différemment. Il n’y a pas de mode d’emploi pour savoir comment réagir à une perte… Nous avons tous nos mécanismes de défenses pour nous en sortit. Un peu hésitante, tu lui dis. «Tu sais… Perdre un enfant est une lourde épreuve. J’suis pas en train de dire que c’est pas tout autant difficile de perdre un frère ou une sœur, mais on vit tous ça différemment. Y’a pas de façon prédéterminé, pas de mode d’emploi. Il faut seulement s’accrocher du mieux qu’on peut.» Sur ces paroles, tu détournes le regard pour regarder Chicago. Tu ne veux pas commencer à te plaindre, commencer à parler de ta propre expérience. Ça ne servirait pas à grand-chose. Malgré tout, tu as un pincement au cœur en pensant à la petite Sawyer morte il y a 3 mois. «Ouais. Désolée. Toi, ça va?», lui réponds-tu en essayant d’afficher un sourire convaincant. Dieu sait à quel point tu n’es pas douée pour cacher tes émotions. Du coup, Matthiew ajoute qu’il ne voudrait surtout pas gâcher cette soirée. «Pas de soucis! Tu gâches rien du tout. Le truc, c’est que tout ça est encore tout récent pour moi… Mais ça va je t’assure.», affirmes-tu pour le rassurer. Rien qu’à y penser, tu as envie de poser ta tête sur son épaule et de te laisser aller en lui disant à quel point Camilla te manque. Tu n’en parles pas régulièrement, mais tu es encore en deuil. D’ailleurs, t’es cheveux en sont la preuve… C’était sa couleur favorite. Tu tends la pomme à Matthiew avec un sourire amusé. «Belle soirée han? Ravie que tu trouves l’endroit charmant.»

«Non, ça ne l’est pas.», dis-tu doucement en regardant Matthiew. Cet aveu te donne envie de le prendre dans tes bras, de le réconforter… Tu n’oses même pas imaginer ce que tu ressentirais si ta mère se suicidait. En pensant à cette éventualité, tu te dis que tu devrais aller la voir la fin de semaine prochaine pour passer du temps avec elle, lui changer les idées. Tu trouves ça mignon qu’il ne veuille pas gâcher votre soirée. Tu trouves ça plutôt marrant, car vous semblez tous les deux oublier que c’est la première fois que vous vous adressez la parole. Tu es ravie qu’il puisse apprécier cette soirée malgré le contexte de votre rencontre. Surprise, tu laisses tomber la pomme lorsque tu sens Matthiew t’enlacer. Inconsciemment, tu te détends et passe tes bras autour de son cou. Tu ne sais pas si ce câlin a pour but de le réconforter lui ou toi, mais tu aimes croire que vous en aviez tous les deux besoin. Tu niches ton visage dans son cou et humes son parfum. Un léger sourire se dessine sur tes lèvres et tu t’attendris. Ça te touche qu’il puisse se soucier de toi malgré le fait qu’il ne te connaît pas. «J’voulais pas t’en faire revivre non plus. Je suis vraiment désolée pour ta mère.», lui réponds-tu, mais ta voix est étouffée par ses vêtements. Tu ne veux pas te détacher de lui, mais tu ne veux pas le mettre mal à l’aise non plus. Tu adores son odeur et tu pourrais bien passer la soirée dans cette position. Lorsque votre câlin prend fin, spontanément tu prends son visage entre tes mains et déposes tes lèvres sur les siennes. Tu essaies de lui faire comprendre que tu apprécies vraiment son geste, que tu es pleine de gratitude. «Merci», dis-tu tout simplement en le regardant.

C’est sur un coup de fête que tu as approché tes lèvres des siennes. Tu n’es pas le genre de fille qui remet à demain ce qu’elle peut vivre aujourd’hui. Du coup, quand tu veux embrasser quelqu’un tu le fais et puis voilà. Malheureusement, Matthiew ne réagit pas comme tu t’y attendais. Tu te mords la lèvre inférieure lorsqu’il recule. Il est peut-être en couple! Quelle bourde tu viens de faire ma vieille! Tu n’es absolument pas une briseuse de ménage! Ça non! Tu te sens mal de l’avoir embrassé. Oui, tu as trouvé ça agréable, mais si t’avais su d’avance sa réaction tu ne l’aurais pas fait. Tu le regardes faire les cent pas un peu mal à l’aise. En gros, tu te sens comme si t’avais fait une erreur impardonnable alors que ce n’est qu’un malheureux baiser. Ça ne veut absolument rien dire pour toi! Tu ne comprends pas du tout sa réaction et quelque chose à dire pour le rassurer. «J’suis vraiment désolée! J’espère que t’es pas en couple j’me sentirais vraiment mal!», commences-tu en te tortillant sur le banc un peu nerveuse. «J’embrasse si mal que ça?», dis-tu en faisant une grimace d’effrois. Peut-être qu’il est gay… Nan, c’est pas parce qu’un gars te repousse qu’il est gay. C’est la première fois que ça t’arrive. «Écoute… Ça se reproduira pas. J’suis désolée.» Dommage, tu l’aurais bien vu dans ton lit avec pour seul vêtement un  drap. Bon. Peu importe.  

Mal à l’aise, tu le regardes paniquer et ça te rend nerveuse. Tes épaules se détendent un peu quand il t’annonce qu’il n’est pas en couple! Dieu merci! Tu te serais senti mal s’il t’avait avoué être en couple et aimer éperdument cette personne. Puis, tu fais une autre hypothèse. Nan. Tu ne peux pas croire que ton baiser était si horrible que ça… Personne ne c’en est plaint jusqu’ici en tout cas. Encore raté! Tu réprimes un petit sourire en coin quand il te dit que tu embrasses ‘très bien’. Toujours mal d’avoir provoqué cette réaction chez lui, tu lui assures que ça ne se reproduira pas. Tu l’emmènes à moto pour qu’il aille mieux et tu finis par le faire paniquer! Quelle championne fais-tu. Comme s’il avait vu la question te passer par la tête, il te dit même qu’il est aux femmes. Il est où le problème alors? Il ne te trouve pas attirante? Possible. «Tu l’interprètes mal Freya, tu m’as surpris c’est tout. Je…» Assise bien sagement, tu l’écoutes. «Je suis incapable de m’attacher aux gens. Mes fréquentations sont vouées à l’échec au moment où je les rencontre.» Oh… Tu comprends mieux. Il croit que ça veut dire quelque chose pour toi. Il croit que tu es le genre fille romantique qui veut une relation sérieuse avec lui. Il comprendra bien vite que ce n’est pas le cas du tout! Tu le laisses s’asseoir en silence et tu restes muette en attenant de voir s’il ajoutera quelque chose. Eh oui! «Avec ce qui s’est passé dans ma vie, je préfère m’en tenir au physique. Ça me permet de ne pas être blessé. Je sais c’est stupide, mais je n’arrive pas à faire autrement. C’est dans ma nature, je crois.» Tu rigoles et tout ton stress disparaît. «Attend. Rien que ça? Ouff! J’croyais que t’allais me dire que tu te réservais pour une personne spéciale ou j’sais pas quoi!», lui réponds-tu soulagée. «Stupide? C’est pas stupide du tout! J’veux pas d’une relation sérieuse moi non plus.»

Plutôt soulagée par sa confession, tu lui expliques que tu ne cherches carrément pas une relation sérieuse! Au secours! Tu détestes la monotonie et être en couple est bien la meilleure façon de se retrouver avec des chaînes autour des poignets! Tu tiens trop à ta liberté pour laisser un garçon t’en priver. Bah voilà, il n’est pas du genre à croire aux histoires de princesse. «T’as bien raison. En fait, ça  ne finit jamais bien ces histoires. Que des conneries!», lui répondis-je en lui renvoyant un sourire amusé. Heureusement, la tension redescend. Un instant, tu as bien cru qu’il allait te demander de le raccompagner tout de suite chez lui pour couper court à cette soirée. Tu hausses les sourcils en écoutant son discours sur les relations sérieuses. Ces paroles auraient bien pu sortir de ta bouche! Au moins, maintenant tu sais que vous êtes sur la même longueur d’onde. Par contre, tu ne comprends pas encore sa réaction face à ton baiser, mais tu n’es pas sûre de vouloir en apprendre davantage… Il faut choisir chaque bataille avec soin et celle-ci n’en vaut pas la peine. Ton sourire s’agrandit lorsque tu l’entends rire… T’as comme l’impression que chacun de ses rires est un cadeau. Tu aimes bien entendre ce son. «Jouer à un jeu?», répètes-tu. Il vient de piquer ta curiosité. Dieu sait à quel point t’aimes bien tout savoir. «Carrément! T’as une idée?» T'es yeux doivent probablement pétiller à la fois d'excitation et de malice... Toi, enfantine? Nan.