[Délai jusqu'au 08/11] abbie ◊ running wild and running free

Pourquoi avez-vous choisi d'étudier à l'université de Chicago ? Il faut savoir que j’ai déménagé avec ma mère à Chicago il y a environ 10 ans. Nous nous sommes plutôt bien acclimatées à la ville, tellement d’ailleurs que ce voyage ‘temporaire’ est devenu définitif. Au moment de choisir une université, j’aurai pu m’éloigner du domicile familial et prendre mon envol, mais à quoi bon lorsqu'on a une très bonne université à quelques kilomètres de chez soi ? Car oui, l’établissement est réputé dans tout le pays et il est certain qu’on en sort avec une bonne base de connaissances. Du coup, j’ai fait le choix de rester dans le coin et étudier à l’université de Chicago. Et puis au moins, en cas de besoin, je sais que je peux compter sur ma famille qui n’est pas loin.

Quelles sont vos sources de financement universitaire ? Essentiellement la famille et plus particulièrement ma mère (même si elle ne croule pas sous l’or). En tout cas elle vit suffisamment bien pour s’occuper de mes frais universitaires sans en pâtir à la fin du mois. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle va au country club le dimanche, vous voyez ce que je veux dire… Pour autant, je suis quelqu’un d’assez indépendant, raison pour laquelle j’essaye d’enchaîner les petits boulots (pas trop prenant pour ne pas zapper les cours), de quoi se faire un peu d’argent de poche à la fin du mois (et tout dépensé dans les magasins)…

Que pensez-vous du système de confrérie ? J’en ai entendu parler depuis tellement longtemps que c’était tout bonnement impossible de ne pas rejoindre l’une d’entre elles. Je me souviendrai toujours de ces fois en début d’années où l’on pouvait croiser des étudiants dans la ville, qui était en train de se faire ‘bizuter’. Il y a certains que ça effraient, mais j’ai toujours trouvé ça particulièrement amusant et bon enfant. Bon, certes, il y a toujours des limites à ne pas franchir, mais j’ai à chaque fois eu de bons échos des bizutages à l’université de Chicago. Les confréries ont en plus la réputation d’organiser des soirées mémorables, ce qui, il faut l’avouer, n’est pas négligeable pour la petite fêtarde que je suis. Du coup, depuis mes premiers jours en tant qu’étudiante, je fais partie d’une confrérie (et pas n’importe laquelle !).

D'ailleurs, faites-vous partie d'une confrérie ? Si oui, depuis combien de temps ? J’étais, à la base, déjà motivée à rejoindre une confrérie (n’importe laquelle), mais quand en plus j’ai découvert les Delta Upsilon, j’ai tout de suite foncé. Forcément, chacune d’entre elles a un esprit bien différent et je pense que tout le monde peut y trouver son compte (ou alors il faut vraiment le vouloir).  En ayant eu des échos par l’intermédiaire de mon grand frère, je me suis naturellement dirigée chez ‘les verts’, qui avaient l’air d’être ceux qui me correspondait le mieux. Et cela s’est vérifié au fil des années, puisque j’y suis toujours et que je m’y porte comme un charme. Ce que j’ai préféré, dès le début et malgré l’étape du bizutage, c’est l’ambiance festive et la bonne humeur. D’ailleurs, en parlant de bizutage, je ne vais pas dire que j’en ai ‘bavé’ parce que ça m’a vraiment faite marrer, je peux dire que j’en garde de sacrés souvenirs. Il y a eu cette fois où j’ai du prouver que ma bonne descente n'était pas un mythe en ingurgitant 3 girafes de bières (j’ai réussi, mais j’avoue ne plus me souvenir de la fin de soirée). Il y également où ce moment gênant où je devais prendre un selfie avec le Doyen –que j’ai voulu faire de loin, au détour d’un couloir- mais bien sûr il m’a vu et j’ai eu le droit à un sermon sur le droit à l’image…, ou encore lorsque j'ai du écrire mon numéro de téléphone sur un tableau en amphithéâtre et le laisser toute la journée… Je n’ai pas subi un énorme bizutage en l’espace de deux jours, mais plusieurs défis de ce genre tout au long de la première année. Toujours est-il que je considère cette confrérie comme une véritable famille, j’ai rencontré des gens très sympathiques, qui je suis sûre feront partie de ma vie un petit moment. Pour ce qui du reste de la confrérie, car nous sommes nombreux, je suis assez souvent la ‘pacifiste’ du groupe, qui préfère les câlins & bisous aux disputes, du coup, j’ai l’impression que je m’entends avec tout le monde. Enfin, il y a forcément des gens que je préfère à d’autres, c’est normal, mais ce n’est pas pour autant que j’ignore les autres –bien au contraire-, j’adore les nouvelles rencontres.

Cher Journal,


Cela faisait tellement longtemps que je n’avais pas sorti mon stylo pour écrire mes états d’âme… Je crois que la dernière fois remonte à la disparition de Papa. Malgré son boulot très prenant et ses absences répétées, il a toujours fait en sorte d’être présent pour les étapes importantes de ma vie, sauf aujourd’hui. Il faut dire que le métier de marine n’est pas des plus évidents, il peut même s’avérer très dangereux. Je fête mes 20 ans, chose que je trouve tout de même symbolique et il n’est pas là, à cause de sa passion pour l’armée. À vrai dire, il est parti « officiellement » depuis maintenant 5 ans. Pourquoi officiellement ? Parce qu’on a mis plusieurs années à obtenir la preuve qu’il nous avait bel et bien quittés. La chose n’a pas été évidente vu qu’il était parti en mission commando, en plein conflit israélo-palestinien. Au bout d’une dizaine de jours, plus personne n’a eu de nouvelles de son bataillon et ce n’est que 5 ans plus tard que nous avons eu la confirmation de son décès. Car oui, à force, on perd espoir et on se fait une raison. Mais tant qu’on ne nous dit pas clairement la chose, on est obligé de penser au fond de soi qu’il reste une infime chance pour qu’il soit toujours là. Je pense que c’est la raison évidente pour laquelle je me suis dirigée vers les relations internationales et le journalisme. J’ai besoin de comprendre ce qu’il s’est passé et le transmettre aux autres de but en blanc, sans malaise ni déformation pour x raisons politiques. C’est ce que j’aurais aimé, à l’époque, qu’on me dise la vérité et la raison pour laquelle mon père s’est retrouvé embrigader dans un conflit qu’il a certainement sous-estimé. Peu de temps après sa disparition (une fois qu’on a perdu contact), ma mère s’est vite retrouvée déborder, avec mon frère et moi. Je pense aussi qu’elle n’avait pas la tête à s’occuper de ses enfants, aller au boulot etc... Du coup, on a tous fait nos bagages pour rejoindre de la famille à Chicago. Au début temporaire, ce voyage s’est vite transformé en départ définitif.
uc