♕ If I am just a piece of cake, then you're just a piece of meat

Pourquoi avez-vous choisi d'étudier à l'université de Chicago ? Un peu par hasard, par la force du destin. Le métier de mon père nous a forcé à déménager aux quatre coins du monde, il est ambassadeur des Pays-Bas. Nous ne sommes jamais restés très longtemps au même endroit. Au delà des clichés de « je ne me suis jamais fait de vrais amis, je n’ai jamais eu de bande de potes » – ce qui est vrai, c’est assez inévitable – j’adorais ce train de vie. Changer d’air, de culture, de potes, presque toutes les années c’est une chance extraordinaire pour quelqu’un qui s’ennuie aussi vite que moi. Juste avant ma dernière année de lycée, mon père a été muté au consulat général de Chicago, l’une des plus grandes ambassades du Pays-Bas aux Etats-Unis. J’ai fini ma scolarité dans cette ville, je me suis faite de nouveaux amis, de nouveaux petits copains. Je n’avais jamais vécu en Amérique avant et je n’aurais jamais pensé que ça me plairait autant. Même si c’est immense et que revenir à Amsterdam me permet de respirer un peu, j’adore l’agitation, j’adore le bruit et la musique. J’aurais pu choisir une université plus prestigieuse, Oxford, Harvard ou Yale comme mon père l’aurait préféré mais j’avais vraiment envie de rester à Chicago, j’étais persuadée qu’après quelques année j’arriverais à appeler cette ville « la maison ».


Quelles sont vos sources de financement universitaire ? Ben comme je l’ai dit plus haut, papa est diplomate. Forcément ça aide, on a jamais manqué d’argent, même quand maman pétait des câbles à vouloir se lancer dans des entreprises à la con qui coulaient avant même qu’elles n’aient vu le jour. Ça a toujours été le mystère de ma vie, l’histoire de mes parents... mais je m’égare. Ouais, je disais, ma sœur et moi on a toujours fréquenté ces écoles internationales privées bourrées de fils et filles de politiciens, de stars, de PDG, c’était notre droit, c’était notre place. Je ne vais pas me plaindre de ne pas avoir une dette à 5 zéros sur le dos, mais j’ai un peu de peine quand je vois mes frères et sœurs de Delta qui cumulent les emplois pour joindre les deux bouts. Alors j’ai décidé de m’émanciper un peu, de gagner un peu d’argent de poche grâce à des activités… annexes on va dire. Hmm, non n’insiste pas, je ne dirais rien tant que t’enregistres avec ton truc là !

Que pensez-vous du système de confrérie ? Bon, j’avoue au début je m’imaginais toutes les confréries comme des sororités de filles pestes et riches, passant leur temps à gossiper sur les mecs de fraternités sportifs et inéduqués. Certes, comme tous les clichés il y avait une part de vérité puisque les Sigma Chi et les Phi Delta existent et sont même assez populaires sur le campus ? Je ne comprendrais jamais vraiment ce qui se passe dans la tête de ces gens… Mais j’ai vite découvert que le meilleur moyen de passer du bon temps et de nouer des liens c’était de rentrer dans une confrérie et encore mieux ! Il en existait des cools !


D'ailleurs, faites-vous partie d'une confrérie ? Si oui, depuis combien de temps ? J’ai choisi les Delta Upsilon lors de ma deuxième année car je m’y étais prise un peu tard durant la première, le recrutement était déjà passé et je n’avais pas trop envie de me faire bizuter deux fois plus en arrivant après la guerre. Dans le catalogue des confréries le choix est plutôt vaste mais je ne me suis vraiment retrouvée que dans les valeurs de Delta. Déménagé tous ans ou presque m’a forgé et j’ai acquis une capacité d’adaptation exceptionnelle en terme de sociabilité, ça et ce que mon père m’a appris comme rudiments de la diplomatie. Je sais quelle blague faire, avec qui. J’ai donc réussi à sympathiser avec tous mes frères et sœurs. Evidemment, certains plus que d’autres, évidemment il m’arrive d’avoir envie d’en encastrer un dans un mur, c’est la vie en communauté qui le veut. Mais je n’ai pas peur d’être honnête et de faire clairement savoir mon mécontentement. Lors de mon année de bizutage, la boucler ça n’a pas été très facile. Ce fut une charge de temps considérable mais aussi un gros exercice de patience. Néanmoins, je m’en suis pas mal sortie, j’ai réussi à tirer mon épingle du jeu – tu veux savoir comment ? Éteins ton magnéto, ouais voilà… – j’avais commencé ma petite entreprise mais elle avait un peu de mal à décollée, sur le campus, je n’étais personne. C’est quoi cette entreprise ? Et bien… je fais passer de l’herbe du pays dans les colis diplomatiques de mon père… genre un gros tas d’herbe de la bonne herbe. Je la revends sur le campus mais pas seulement ! Je la cuisine ! Les space cakes c’est devenu ma spécialité et ma marque de fabrique. Ça me prend un peu de temps, mais je ne fais pas ça que pour l’argent, c’est plus un hobby. Pendant mon bizutage il m’arrivait de filer un ou deux grammes ou bien un cookie pour avoir un petit traitement de faveur. Ça marchait bien ! Y a pas à dire, les confréries m’ont été très bénéfiques de ce point de vue là. Mais outre ces aspects techniques, je me suis faite de vrais amis et pour la première fois de ma vie, j’ai l’impression de vraiment compter pour quelqu’un.