FILS DE DYONISOS ( ach' )

Depuis quand vivez-vous à Chicago ? Chicago j'y suis sans y être, je bosse, je dors, je mange à peine, je fume au balcon. Officiellement, j'suis pas sur le sol de Chicago, mais pourtant Chicago vit sous moi. J'suis arrivé le  31 juillet un peu après mon anniversaire. Par un bateau, dans une grande boite en métal, froide et puante. J'étais rien la bas, j'suis un inconnu ici. J'ai des faux papiers, et des faux sentiments. Tout est faux chez moi, jusqu'à la pointe de ma cigarette illégale pourtant, c'est un régal d'être celui qui n'est pas.

Que pensez-vous de la ville et de l'université qui s'y trouve ? Chicago c'est gros, remplis de gosses de riches et de mendiants, de pessimistes et de fainéants. Personne n'accepte vraiment sa situation. Et puis ce grand gâchis de fric, cette université pour adolescents dépravés et qui s'croit sans cesse frôlé par la misère. Ces sales gosses aux sourires d'anges qui se prennent la tête avec des mots doux et des cahiers trop remplis. J'aime pas Chicago c'est vraiment pas assez beau, les eaux sont sales et polluées, les visages sont tristes et abîmés. Dans cette ville y a trop de fantômes, trop d'histoire et d'hématomes.

Et vous, qu'avez-vous fait comme études ? Et où ?Les études, ca sert à quoi ? Dis moi ? Ca profite à qui ? Moi j'ai bossé la vie et c'est déjà bien assez compliqué de s'y retrouver. Les études, c'est pour les gosses qui ont trop de temps à perdre, qui vivent aux ralentis, comme les automates conditionnés de la société. J'ai étudié dans un quartier, une belle école la rue, n'est ce pas ? Plus que vos salles de classes où vos esprit à la recherche de liberté s'échappent même par les fenêtres.  

« Cette grande machine nous flinguera tous. »  constatait presque inaudiblement le vieillard en observant un billet de cinq euros au sol.  Le groupe de sale gosse assis à côté de lui rigolais. J'en suis, de ses enfants innocents et sourds. Pourtant si j'suis là, dans ce taudis aux odeurs de rats morts et aux tapisseries décollées. J'suis là à essayer de comprendre comment la vie à réussit à me faire tomber dans ce trou. A essayer de lire entre les yeux des habitants de cette ville miteuse. A tenter de me souvenir pourquoi j'suis là, le cœur amputé d'avoir laissé les miens pour ces cœurs désemparés et ces visages délavés qui m'entourent maintenant. Y a que ces sourires envolés et les sanglots étouffés qui parviennent à mes yeux, et puis aussi les rats morts et la moisissure sur les murs. Ça fait mal, ça brûle de l'intérieur, ça défonce le cœur, le cerveau et tous les organes qui me servent à être quelqu'un. Ça fait mal de faire des choix, de faire des erreurs et de s'en rendre compte. Ça fait mal mais c'est normal.

A trois au balcon, la fume de nos cigarettes se mêle, se démêle, et s'échappe, comme les gens. Ils sont trois aussi dans l'appartement, ça schlingue la mort et la tristesse. On était les gosses assis, sourds et innocent. Six à avoir passer la nuit dans une tombe de métal, elle même placée dans un immense cimetière de souvenirs. On entendais les vagues se fracasser contre le métal rouillé de la coque, on entendait les âmes hurler dans nos crânes souillés par l'alcool. Et avant ça, on a découvert avec effroi qu'il y avait pas d'avenir la bas, pas de futur. Juste des souvenirs et l'désespoir qui s'entassent dans le corps des habitants, juste les sourires et les espoirs qui fuient les habitants. Et puis on à pris nos économies, et on s'est taillé, sans paroles, sans personne, comme des voleurs, mais des voleurs en quête d'un devenir.

Et demain, on fera quoi ? On fera comment pour vivre, demain, après-demain et tous les autres jours ? C'est chacun pour sa peau, chacun est libre de vivre ou de mourir. J'ai choisis de vivre, alors demain, j'irais chez une toxico, une voleuse, un solitaire, un fou, j'irais chez quiconque voudra d'une âme volage à la suite d'un amer voyage.  J'la vendrais au diable pour me débarrasser de mes remords et lui même la donnera au chien, parce que c'est plus qu'une carcasse rongée par l'alcool.

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Bizutage de bienvenue ✽ Comme tu sembles assez pessimiste, tu devras vanter les mérites de la ville qu'est Chicago sur cinq dossiers d'admission ! Armes-toi de ton imagination, tu vas en avoir besoin.