This was just a kiss │#│ Ely & Andy

Il est très difficile d’assumer sa taille, qu’on soit petit ou grand. C’est comme sa sexualité, en fait. Jamais rien ne nous convient. Certains vous diront que faire 190cm, c’est juste génial… et je ne les contredirai pas. Mais parfois, être aussi grand, c’est une tare puisque personne ne vous loupe dans la foule. J’aimerai m’y faufiler sans être aperçu.
J’ai mis longtemps à me faire oublier après ces rumeurs entre mon meilleur-ami et moi. J’ai même dû l’abandonner, lui ce bon ami, pour ne pas me faire voir comme le gay que je refuse d’être. Je n’ai rien contre les homosexuels mais… je ne désire pas en faire partie. Je veux juste être considéré comme « normal », même si c’est un concept bien subjectif.

Je soupirais en me dirigeant vers mon cours de criminologie, l’un de mes préférés. J’y apprenais toujours des tas de choses que je trouvais intéressantes. En clair, je ne m’y ennuyais jamais. Je n’y allais pas pourtant d’un pas leste, je m’étais levé un peu tard et la tête en vrac. En ce moment, je n’arrêtais pas de repenser à tout ce qui faisait de moi un garçon pas à l’aise dans sa peau, dans son corps. Je ne parvenais pas à oublier toutes ces choses qui me rendaient trop différent à mon goût. On dit que la différence, c’est un avantage… mais jusqu’à quel point ?
J’arrivais dans les premiers et m’installais à une place différente des fois précédentes. Je sortais mes affaires et attendais calmement que tout l’amphi arrive. J’en profitais pour relire mes cours et ne pas me perdre en chemin, quand j’entendis un sac se déposer sur la place à côté de la mienne, puis une personne s’y asseoir. On ne s’asseyait pas souvent à côté de moi, j’étais plutôt un loup solitaire en cours… alors je fus pas mal surpris. Je tournais la tête vers le nouvel arrivant. C’était un garçon… dont le visage ne m’était pas inconnu. Je fronçais les sourcils en le zieutant du coin de l’œil, avant de me rappeler brusquement de qui il s’agissait.

Mon bizutage ! C’était le mec qu’on m’avait forcé à embrasser, d’une autre confrérie non ? Mal à l’aise, je fis comme si je ne l’avais pas remarqué et surtout, pas reconnu…  

En retard! En retard! Je suis toujours en retard, ces temps-ci! N'ayant pas entendu mon cadran sonner, je me lève d'un bond en faisant voler les couvertures sur le plancher de ma chambre et vais directement dans la douche. Cinq minutes plus tard, j'en ressors complètement propre en nouant une serviette autour de ma taille avant de fouiller dans mes vêtements propres pour trouver quoi mettre aujourd'hui. J'enfile ensuite rapidement une chemise à carreaux plus un pull blanc, ma veste de printemps/automne, un boxer (ne pas oublier), une paire de jeans et mes converses avant de courir dans la cuisine me prendre un muffin pour la route et sortir en trombe. La porte verrouiller, je file droit vers ma voiture avant de la démarrer et prendre la route vers l'université.

Arrivé dans le stationnement, j'enlève les millions de miettes du muffin que j'ai englouti pendant la route et sort en prenant mon sac et en l'envoyant directement sur mon épaule droite. Je cours ensuite vers ma classe de criminologie puis voit l'heure au passage. Une minute! Je sprint alors comme jamais et ouvre rapidement la porte, essoufflé comme un boeuf. Je fais une petite pause dans le cadre de porte, bien heureux d'être arrivé à l'heure et jette un petit coup d'oeil pour chercher une place où m'asseoir. Mordillant ma lèvre, je choisi de me placer à côté d'un joli brun un peu timide qui étrangement, me dit quelque chose. Déposant mon sac sur la table, j'en profite pour sortir mon livre d'étude et mes crayons. Mon livre de note... tout en jetant un bref coup d'oeil au brun à mes côtés. Soudain, je me souviens! Son bizutage! Bon sang, le mec à la bouche parfaite! Aux lèvres dignes d'un dieu Grec!

Souriant, je m'assois et le regarde franchement, cette fois. Je crois bien qu'il s'est rappelé de moi lui aussi car il semble clairement m'ignorer, pour le coup! Amusé, je lui donne un petit coup sur l'épaule en disant «Hey! Ça va? Tu te souviens de moi, pas vrai?» en souriant en coin, charmeur et moqueur à la fois. Il a l'air si timide! Je sens que je vais bien m'amuser avec lui à mes côtés! Je vais avoir envie de jouer un peu avec lui. Le faire rougir. Le rendre mal à l'aise dans les limites du respectable, quand même! Le faire marcher un peu, quoi! Je regarde ensuite le prof, sourire aux lèvres et dit «Je ne savais pas que tu avais crimino aussi! C'est bien! Tu aimes?» Petite question de base pour ouvrir une conversation! Ouais, j'suis pas subtile, dans la vie. J'suis certain qu'il peut voir à mille à l'heure mon petit plan. Le faire parler pour mieux le connaître ...L'inviter ensuite à étudier chez moi. Ces choses ...

Je me sentais un peu mal à l’aise, je sentais un peu son regard sur moi et je n’aimais pas ça. Trop de pression et j’avais la désagréable impression qu’il me reconnaissait. J’évitais le plus possible de croiser son regard, me décalais même un peu pour ne pas qu’on se frôle de trop. Lui, ça ne semblait pas le gêner plus que ça, ce que je ne comprenais pas. Bon, il devait comprendre que ce n’était qu’une question de bizutage, non ?
En l’entendant me parler, je commençais à paniquer un peu. Mes genoux tremblaient un peu et je mordillais mes lèvres.

« Euh… non… Je ne me souviens pas. On ne se connait pas. »

Je n’étais pas assez confiant dans ma voix pour que cela paraisse vrai, il devait bien le comprendre. Je savais moi-même que je n’étais pas parvenu à faire croire mon mensonge. J’aurais tellement aimé que ce soit le cas !
Il me parlait comme si c’était normal, comme s’il ne s’était rien passé, comme si ce n’était pas gênant de nous retrouver dans cette situation. Le nez sur ma feuille, griffonnant tout ce que le professeur pouvait nous dire, je tentais de passer outre sa présence, bien que ce ne soit pas aisé. Il avait un charisme indéniable et une présence plutôt imposante. Et moi-même, j’étais trop bien élevé pour ne pas répondre à une question qui m’était directement posée !

« C’est un bon cours, oui. Si ça ne te gêne pas, je vais… suivre. »

Petite formule pour dire gentiment : tais-toi, tu me déconcentres. Je n’étais pas du genre à blablater partout en classe, le bavardage ne me ressemblait pas. Cela semblait par contre être le cas de ce garçon ! Je soupirais et me perdis un peu dans mes pensées, loupant un bout du cours. Tant pis, je trouverais un moyen de le rattraper ! Je finis par me reconcentrer, mais voilà, pas facil avec une telle présence à ces côtés. Je fixais le tableau du professeur en face de moi, en contrebas, apercevant du coin de l’œil l’autre élève.
Une question me brûlait les lèvres. Le Sigma qui m’avait forcé à l’embrasser dans le cadre de mon bizutage m’avait affirmé qu’il s’agissait d’un Delta. Est-ce que c’était vrai ? Certes, c’était un étrange questionnement…

« Tu fais partie des Delta ? » demandais-je inopinément, sans pour autant le regarder dans les yeux.

Ma présence semble tellement le rendre nerveux! Il est trop mignon, ce petit! On dirait un petit chevreuil ou un bébé écureuil! Trop adorable! On aurait envie de lui prendre les joues et lui donner des bisous de vieille tante! Il me fait sourire en coin puis je regarde le professeur avant de reposer mes yeux sur lui, amusé par son état complètement stressé. Quand il me dit ne pas me connaître, j'éclate de rire avant de me cacher la bouche pour atténuer le son. Ouais, à d'autre, bonhomme! Le regardant, amusé comme jamais, je dis «Nah, tu peux pas m'avoir oublié si rapidement, voyons ...C'était lors de ton bizutage! J'suis le mec que tu as embrassé!» avant de lui faire un clin d'oeil très évocateur. J'aurais pu me sentir vexé, mais non. Il semble clairement mal à l'aise vis à vis à situation et je peux quand même le comprendre un peu. C'est pas facile, vivre dans le placard et avoir peur d'en sortir!

Pour détendre un peu l'atmosphère, je lui parle de la crimino mais sa réponse me fait sourire. Je hausse les sourcils et me replace sur la chaise, amusé en disant «Ooookay, comme tu veux, Hermione...» d'un air moqueur en faisant semblant de gribouiller à mon tour des notes de cours. Seulement, je sens son regard se poser de temps en temps sur moi, et ça me satisfait amplement. J'en profite pour croiser moi-même son regard à chaque fois, pour qu'il comprenne que je ne suis pas innocent et m'amuse à lui faire quelques petites grimaces parfois pour essayer de le détendre un peu plus car gosh que cet homme est stressé!

À sa soudaine question, je hausse à nouveau des sourcils avant de rire et dire «Delta? Vieux, j'suis un Sigma tout comme toi! Tu ne savais pas?», sur un air réellement curieux. Comment a t-il pu ne pas le savoir? Qu'est-ce qu'ils ont bien pu lui dire, lors de son bizutage? À voir mon physique, j'suis clairement un Sigma! C'est sans aucun doute! Je souris, toujours aussi curieux en disant «Pauvre loup, qu'est-ce qu'ils t'ont dit et fait, lors de ton bizutage? Tu veux m'en parler? Tu veux te confier à tonton Appleby?» puis dépose ma main sur mon coeur avant de déposer l'autre sur son épaule, façon empathique sans jamais perdre mon sourire fortement amusé et moqueur. Pauvre chat, il a l'air si naïf! Je sens que je vais bien devoir le protéger. Je vais le couvrir comme une maman poule avec ses petits poussins. Il sera bien au chaud sous mes petites fesses dures comme de la roche.

J’avais la tête du Premier de la classe. Cet emploi m’allait vraiment et dans le fond, j’étais tellement coincé que je donnais raison à tous ceux qui me qualifiaient de la sorte. Je n’étais pas le Sigma de base, malgré ma plastique. J’avais un petit côté plus réservé qui se manifestait d’autant plus devant ce camarade un peu trop tactile à mon goût. Qu’une femme me tripote, passe encore ! Mais un mec que j’ai dû embrasser de force… non, cela m’était difficilement supportable. Surtout s’il m’associe à la coincée Hermione ! Il se moquait impunément de moi et je n’aimais pas ça.

Je le regardais en écarquillant les yeux de stupeur et d’incompréhension. Non, je ne le savais pas et cela se lisait facilement sur mon visage.

« Salopard de Mycroft… » je maugréais à moi-même.

C’était lui qui m’avait certifié qu’Ely était un Delta, le menteur ! C’était juste pour m’embrouiller et maintenant, je me retrouvais à avoir embrassé un confrère. La honte. Je me sentais vraiment mal en sa présence, surtout qu’il semblait tellement à l’aise avec ça, lui ! Serait-il gay par hasard ? Ou alors extrêmement libéré ? Cela ne m’étonnerait pas, il n’avait pas bronché lors de mon bizutage alors que je m’étais attendu à ce qu’il me foute une beigne plutôt conséquente.

« Tu n’es pas mon tonton et arrête de me parler comme si j’avais cinq ans ! »

Le réprimandais-je moi-même en haussant un peu le ton. En remarquant que quelques personnes s’étaient retournées vers nous et détestant attirer l’attention, je baissais un peu le ton pour continuer, les sourcils froncés.

« Je ne vais pas te parler de quoique ce soit, ce qui est fait et fait et ce n’est pas la peine d’en reparler ! Que tu aies été un Sigma ou un Delta, peu importe… De toute façon, ça n’a pas d’importance. »

Même si je m’en souvenais très bien moi, de ce baiser. Je ne dirais pas que ça m’avait énormément plu mais… merde, je n’avais pas détesté pour autant ! Ce qui ne devait être qu’un simple bizutage avait tourné en cauchemar pour moi, dans ma tête. Je ne parvenais pas à me remettre de ces émotions-là, je ne les oubliais pas disons.
Je dégageais sa main de mon épaule plutôt brutalement et replongeais mon nez sur mes affaires. Pourquoi est-ce que ce genre de chose n’arrivait qu’à moi, hein ? Je n’avais rien demandé à personne.

Il est trop chaud, le beau grand brun! Ses yeux parlent d'eux même, et ça me fait bien rigoler! J'aime ses expressions faciales et la façon dont il a d'être aussi tendu en ma présence! Je me demande bien si il est aussi tendu de partout ...mais n'irai pas voir jusque là ...Même si la tâche pourrait être assez facile puisque ses jeans semblent être assez bien ajustés! Il me fait éclater de rire lorsqu'il réagit aussi fortement à la nouvelle que je viens de lui donner et je dis «Si tu le dis ...Moi je ne lui en veux pas du tout ...» avant de lui faire un petit clin d'oeil amusé. Non mais c'est vrai! Comment pourrais-je en vouloir à Mycroft? Il m'a donné la chance d'embrasser un mec ultra sexy! Au fond, il m'a donné une faveur, voila! Je ne peux que le remercier!

Je rigole à nouveau à ce qu'il vient de dire et lui sourit en ajoutant «Oui, pardon... Je ne suis pas ton tonton, c'est vrai. Ce serait encore plus déplacé et ...quelque peu dérangeant si je l'étais pour vrai, non?» puis lui fait une grimace pour lui démontrer que ce n'est pas un drame! Mieux vaut en rire! Disons que si j'avais été son tonton et que je l'avais embrassé comme je l'avais fait ...J'aurais probablement fini en prison! En voyant que des gens s'étaient retournés pour nous regarder, je me mis à leur sourire. Très à l'aise avec la situation. Même qu'à quelques uns et quelques unes, j'ai envoyé des petits bisous papillons pour m'amuser.

Je fus surpris lorsqu'il me dit que cela n'avait eu aucune importance pour lui et, fronçant des sourcils sans perdre mon sourire je dis «Ah, vraiment? C'est surprenant ...Moi j'ai eu l'effet contraire!» car il est vrai que j'avais particulièrement aimé ça, disons!  Sursautant à son coup d'épaule, je ris un peu en hochant par la négative et en disant «...Écoute ...Comme tu dis, ce n'était qu'un baiser qui ne voulait rien dire. Okay? mais rien empêche qu'on se revoit, tu crois pas? Si je t'invitais à sortir, après les cours ...Accepterais-tu? Ce serait que toi et moi, dans un pub. J'en connais un qui est excellent et où la musique n'est pas trop forte! On peut s'entendre parler... Un pub génial! T'en penses quoi?» puis mordit ma lèvre en attendant sa réponse.  Il ne me connait pas encore, le joli petit poussin. Il va vite découvrir que je peux me montrer fonceur et persistant, quand je le veux!

Il allait falloir que je demande à Mycroft si ce mec-là était gay ou pas, que je sache à quoi m’en tenir vu qu’apparemment, il ne voulait pas lâcher l’affaire et qu’on avait des cours communs. Ce serait très embarrassant pour moi qu’il me colle en public et laisse penser à tout le monde que j’étais de son bord. Mais en même temps, je ne connaissais même pas son patronyme ! Je me retrouvais en présence d’un mec que je ne connaissais pas mais que j’avais embrassé quand même. C’était pas dingue, ça ? Comme si ma vie n’était pas déjà assez chiante comme ça, il fallait qu’en plus je me mette dans un tel pétrin. Vous allez me dire, un bizutage est un bizutage, il faut respecter les traditions… mais franchement ! Je n’étais pas préparé à ce que ça me revienne en pleine face tel un boomerang plusieurs années plus tard !

Et voilà qu’il me proposait d’aller boire un coup ensemble ! J’étais naïf, mais pas trop quand même. S’il était vraiment gay, cela ne pouvait que signifier que j’étais une proie à ses yeux et je n’aimais pas ça. Enfin, pas totalement. Disons qu’une vil part en moi appréciait le fait d’être désiré par un aussi joli garçon mais je ne me l’avouerai jamais, sûrement pas ! Regardant mes feuilles, je me demandais quoi répondre. Celle-ci était évidente : un ‘non’ pur et dur me permettrait de sauver la face et ne pas m’enfoncer dans cet océan de gêne et de honte. Mais il y avait aussi cette petite envie de voir au-delà de la barrière. De dire ‘oui’, rien que pour savoir à quoi pensait ce Sigma. L’attrait de l’inconnu, n’était-ce pas ça le plus excitant ? Allais-je réellement me laisser avoir par cette même excitation ?

Après de longues minutes à peser le pour et le contre, je finis par me dire que j’étais en couple et que donc, sortir avec un potentiel futur camarade de classe sympa n’était pas un danger en soit. J’étais sûr de moi, j’avais mes convictions et ce n’était pas un simple verre qui allait changer ça. Je me tournais donc vers lui et haussais les épaules avec ma réponse.

« Ouai, s’tu veux. Mais pas trop tard. »