Canaria (vous pensiez être malchanceux ? Vous avez trouvé votre maître)

C’est l’histoire du vilain petit canard qui glisse dans la salle de bain à 18 ans et qui se réveil âgé de 20 ans, my life is a mess

gentille – timide – pragmatique – intelligente – anxieuse – prévoyante – bordélique – éparse – effacée au premier abord – drôle – amicale – honnête – peu diplomate – maladroite – malchanceuse – un peu dramaqueen sur les bords – crue et même cynique et sarcastique par moment 

Confrérie ➜ KAPPA ALPHA PSI. Années d'ancienneté ➜ 3ème année en cours

Au premier abord Canaria n’avait montré aucun signe d’intérêt pour les confréries, si on omet le fait qu’elle c’était renseignée dès la dernière année de lycée et pendant toute sa première année. Oui désintéressée mais pas trop quand même. La jeune fille manquait trop de confiance en elle pour intégrer le cercle très prisé des Alpha, manquait de sérieux pour devenir une Zeta, le compte familial manquait de zéro pour être une Phi. Il ne restait plus que les Delta et les Kappa qui lui faisaient de l’œil. Seulement voilà, quand on a le capital sociable de Mlle Jenkins, c’est-à-dire pas grand-chose au premier abord et puissance 1000000 dès qu’elle se sent à l’aise. Il lui aura fallu un an pour se décider, se tourmenter en se demandant si elle allait vraiment réussir à s’intégrer –le contraire aurait été étonnant. Canaria a sauté le pas, harcelée par sa famille et ses amis, en deuxième année. Son choix s’est finalement porté sur les Kappas, parce que quand on est aussi malchanceux que Canaria Jenkins on est forcément un peu en marge des autres. Et puis la jeune fille avait déjà sa petite réputation de bizarre suite à ses gaffes à répétition et pour s’être baladée pendant au moins trois semaines avec un bandage autour de la tête en première année après s’être vautrée dans sa salle de bain. Non et puis chez les Kappa tout le monde est détendu, tout le monde s’en fou. Personne ne te donnera l’impression d’être inférieur parce que personne ne te juge. Ils sont solidaires sans pour autant vous accuser de trahison quand on traîne avec les membres d’autres confréries. Avec eux Cana a découvert une nouvelle vision de l’université et de la vie étudiante et a pu se faire une belle bande de potes tous aussi bizarres qu’elle.
Si l’on parle de confrérie on parle aussi de bizutage. Avant l’accident, Canaria en parlait avec un grand sourire tout en vous disant qu’elle en avait –je cite, bien chié quand même. Il y a eu cette fois où elle avait dû demander le numéro du chirurgien esthétique d’une des plus belles Alpha, cette fameuse fois où elle avait fait la manche sur le campus avec un écrito qui indiquait : « pour m’acheter de la chance et pour nourrir mon poisson rouge », ou encore la fois où elle avait dû faire une manifestation sur la faim dans le monde devant la maison des Phi Delta Theta. Et j’en passe. A son réveil la jeune fille s’est demandée comment elle avait pu finir chez les Kappa mais avouons-le, elle n’aurait pas pu choisir mieux. Et quoi de plus adéquate pour une amnésique que la confrérie des marginaux ?

01. Depuis son réveil elle stresse et s’angoisse facilement et rapidement. 02. Elle manque cruellement de confiance en elle. Ses années à l’université avaient arrangés les choses mais maintenant qu’elle ne s’en souvient plus… 03. Sa mère est une ancienne danseuse étoile d’origine autrichienne. 04. C’était une vraie fan de KPop quand elle était ado. Elle s’est calmée depuis mais son rêve est toujours d’aller vivre en Asie. 05. En plus de l’anglais elle parle  couramment allemand mais fait encore pas mal de fautes à l’écrit. 06. Elle tient un journal depuis des années et continu de le remplir même si elle est bien moins assidue que lorsqu’elle était collégienne. 07. Elle préfère qu’on l’appelle Cana plutôt que par son prénom complet. 08. Au premier abord elle a l’air plutôt timide et difficile à approcher mais dès que la glace est brisée, Cana se révèle être une jeune fille qui frôle l’hyperactivité. De même qu'une fois qu'elle se sent en confiance elle peut faire preuve d'une franchise décapante. 09. Elle dort mal depuis sa sortie de l’hôpital. 10. Elle se sent mal à l’aise en présence des personnes qu’elle a oubliées. 11. Maladroite comme personne, elle fait partie de ces personnes qui n’ont vraiment pas de bol. 12. Elle a la fâcheuse tendance à exagérer les choses. 13. Elle ne crie jamais et s'énerve rarement. Par contre quand elle est en colère ou qu'elle n'aime pas quelqu'un ça se voit directement sur son visage. Soyons honnête, on peut lire en elle comme dans un livre ouvert. 14. Il lui arrive d'avoir des moments d'absence parce qu'elle se perd dans ses pensées. D'ailleurs Cana a du mal à rester concentrée longtemps sur la même chose, surtout quand il s'agit de ses cours...

Aussi loin que je me souvienne ma vie a toujours été plutôt banale. Je suis le fruit d’un mariage heureux entre une autrichienne et un américain, j’ai un grand-frère et un chat qui a un nom tellement ridicule que tout le monde lui donne des surnoms. Ma famille est loin d’être pauvres, mes parents ont toujours put payer nos frais de scolarité à mon frère et moi mais nous n’avons pas un rythme de vie hors norme. S’il y a bien quelque chose d’hors norme chez moi, c’est ma poisse. Vraiment. Plus malchanceux que moi tu meurs ! Personne à Chicago ne s’est cassé un membre autant de fois que moi. Si je fais l’impasse sur un sujet tu peux être sûr que c’est celui qui va tomber. Je tombe au moins une fois par jour. Mon petit-déjeuner finit sur mes genoux tous les deux jours. Je vais arrêter le massacre ici. Vous l’aurez compris, je n’ai pas une once de chance.

Je n’ai aucun évènement marquant dans ma vie à vous raconter. Pas d’histoire d’amour déchirante ou de décès tragiques. Non ma vie est tout à fait banale ou presque. Depuis que je me suis réveillée à l’hôpital âgée de 20 ans au lieu de 18, je suis moins dans les normes qu’avant. Il faut revenir à ce fameux jour, celui de la rentrée. Mon tout premier jour à l’université. J’étais en retard, j’avais oublié mon téléphone dans la salle de bain et maman me criait de me dépêcher en allemand –cette langue est tellement plus percutante que l’anglais quand tu te fais engueuler. Je me souviens être entrée dans la salle de bain en courant en chaussette et avoir glissé comme un malpropre. Ma tête a fait un bisou au lavabo avant de se ruer sur le sol pour ne pas faire de jaloux. Le problème c’est qu’à mon réveil à l’hôpital j’avais, en plus d’une commotion cérébrale, des côtes cassées et une malléole fracturée. J’adore ma vie. Seulement voilà, je n’avais plus 18 ans et j’en étais à ma 3ème année universitaire. Ce n’était pas une vilaine glissade sur le carrelage encore mouillé de la salle de bain qui m’avait valu cette hospitalisation mais le camion qui était rentré dans le bus que j’avais pris deux jours plus tôt. D’après les médecins mon amnésie est partielle et je devrais finir par retrouver la mémoire. En attendant c’est trois années de ma vie que j’ai oubliées.

Depuis j’ai fêté mon vingt-unième anniversaire sans me souvenir des deux précédents. Plusieurs mois ont passés et la seule chose que j’ai apprise c’est que le corps n’oublie pas. Si la reprise des cours aura été plutôt facile, inconsciemment je suis capable de me rappeler plus ou moins ce que j’ai appris à la fac, pour les personnes c’est une autre paire de manche. Je suis toujours incapable de me rappeler les gens que j’ai rencontrés et je me sens mal à l’aise en leur compagnie. Tous semblent si bien me connaître pourtant ce sont des inconnus à mes yeux, certains en savent même plus sur moi que moi-même. Mais le pire de tous c’est lui. Ce mec outrageusement beau qui de toute évidence est mon petit-ami. Moi, Canaria Henriette Jenkins, la fille qui a eu pour seul copain un idiot qui voulait seulement la mettre dans son lit –je ne lui ai pas fait cette honneur, et qui a le chic pour s’enticher de mecs intéressés par d’autres filles ou des gays. MOI. J’ai réussi à mettre le grappin sur un garçon à la plastique plus que convenable. Ça parait à peine croyable. D’autant plus qu’il a l’air de m’aimer. D’après ce que j’ai lu dans mon journal intime moi aussi je l’aime et il a beaucoup fait pour moi mais il n’a pas fait exception à la règle. Pour être tout à fait honnête, il me fait un peu peur. Peut-être parce que lors de notre « première » rencontre à l’hôpital il a essayé de m’embrasser et un parfait inconnu qui tente de violer l’intégrité de tes lèvres ça passe moyen. M’voyez. J’ai pu l’éviter tout l’été, comme toutes ces personnes dont je n’arrive toujours pas à me souvenir mais les cours ont repris et je ne peux pas continuer à mettre ma vie entre parenthèse. Je ne peux plus fuir.

Taylor Marie Hill - inventé