Ne rien faire, mais le faire bien ⊹ Némésis

Pourquoi avez-vous choisi d'étudier à l'université de Chicago ? « C'était l'université la plus proche, une des meilleures du coin. De toute manière dans la famille, on ne sait jamais basé sur les classements notamment ceux de l'Ivy League. Je veux dire, chaque université est la même, chacune a vu de nombreuses grosses têtes y être diplômées, des personnes connus y travaillés, par exemple notre actuel président. Alors l'université de Chicago c'est le rêve de tout les secondaires comme peut l'être Yale ou Stanford.»

Quelles sont vos sources de financement universitaire ? « Papa, évidemment ! Si je devais compter sur la vieille je pense que je pourrais aller voir où je pense. Papa m'aide beaucoup financièrement, il a pratiquement aidé tout le monde, pourquoi pas moi ? Non et puis soyons honnête, mon père veut simplement que « ses enfants aient une bonne scolarisation » mais entre nous, il s'en contre-fout. Il fait juste son boulot de père pour une fois dans sa vie. »

Que pensez-vous du système de confrérie ? « Une catégorisation, nous sommes des petites culottes et en fonction de notre forme, tangua, string, slip, culotte on nous met dans des boîtes. On est étiqueté ainsi dès lors que nous intégrons une confrérie mais qui s'en soucis ? Personne, ça a toujours été comme ça, y'en a qui aime, d'autre qui n'aime pas ; chacun son propre avis. Pour moi, une confrérie c'est des amis, une famille, une ambiance de fou et des gens qui t'acceptent comme tu es. Alors oui, je suis de ceux qui ne veulent pas voir un jour les confréries disparaîtrent. »

D'ailleurs, faites-vous partie d'une confrérie ? Si oui, depuis combien de temps ? « Je n'ai pas manqué à l'appel des confréries, dès ma première année j'ai fait en sorte d'intégrer les Delta Upsilon. J'avais hésité, toutes me faisaient de l'oeil mais les Delta m'ont fait craquer. Je me rappelle de ce garçon trop choupinou qui m'avait assuré que c'était la meilleure. Et après un an en leur compagnie je ne peux qu'affirmer ces dires. Mon  bizutage ? Une vraie partie de rigolade. Ok, j'ai fini dans une poubelle déguiser en poulet. J'ai même fini dans un commissariat mais là c'était par ma faute. Je lançais plein de confettis, plein de ballon d'eau sur les gens, ça les agaçaient énormément, puis c'est tombé sur un prof. Il était pas content, alors j'ai continué de lui en balancer parce que je suis une chieuse mais il a appelé la police. La grosse merde. J'avais pas mes papiers et je puais un peu le cannabis. Mais bon, papa m'a un peu aidé à sortir de ce bordel. Mais concrètement je n'ai que des bons souvenirs de tout ça.  »

▲▼ 1996 ; WHERE DID I GO WRONG ? ▲▼
Il parait que faire naître un enfant est le plus beau jour d’une femme. Et on dit souvent qu’une mère aimera toujours ses enfants. Pour ce qui en est de la tienne, tu pense qu’elle a arrêté d’aimer qui que ce soit quand elle a trouvé un portefeuille humain plus remplit que celui de ton père. Tu es née en 1995. Fille d’Agatha Boones et de Jon Fitzgerald. Ton père est un riche notable de Los Angeles, de Chicago et Austin. Quand tu dis qu’elle ne vous aime pas, c’est une vérité universelle. Hélios et toi, elle ne vous a clairement jamais aimés. Il y  avait déjà deux grands frères, alors elle voulait vraiment une fille, mais elle ne t'a pas aimée on va dire. Néanmoins, tu vas pas t’en plaindre. T’aurais pas aimé être gâtée par ta mère au point d’en devenir une barbipute. Le truc c’est que tu t'es jamais plainte de ta condition, bien que ta petite soeur t'ait toujours rabaissée. Parce que ouais, ta mère vous aimait pas mais en dernier recourt elle a eu un dernier bébé. Circé. Toi elle t’aimait pas, donc elle t’a appelée Némésis, mais ta soeur, elle devait vraiment vouloir la faire chier, pour l’appeler Circé. Bref, vous étiez cinq beaux bébés, enfin, pas tous, quand elle est partie. Elle a laissé ton père en plan et lui a dit qu’elle n’accepterait de voir que la dernière née. T’avais limite honte de t’appeler Boones. T’étais le mouton noir de cette famille selon ta mère.

Tu as grandi dans l’optique que tu n’étais pas la meilleure. Ni la plus belle, ni la plus gentille, mais tu as grandi aimée. Tu as jamais aimé ta soeur, mais tu as aimé tes frères. Il y avait l’aîné, Arès, et le cadet, Hermès, puis ton jumeau, Hélios. Tes trois frères, tu les as chéri et tu as appris d’eux, tu es un mélange d’eux trois : tu as la force et la résistance, plutôt morale que physique ceci dit, d’Arès, la ruse et la maturité face aux "guerres », d’Hermes. et tu as eu le comportement cool et détaché, et l’aisance de la parole, d'Hélios. Ta soeur, elle n’a eut que la beauté, mais t'es bien contente de pas être jolie et féminine, t'es bien heureuse de pouvoir sortir sans maquillage et ne pas en avoir honte. Ouais, t'es heureuse. Bref, 2008, c’est la dernière année où votre génitrice est venue à vos anniversaires, et c’est l’année où Circé a définitivement renoncé à ton père en allant vivre chez ta mère. Tu as eu douze ans et une palette de maquillage. « Devient une vraie fille », t’a-t-elle dit. Tu crois que c’est à ce moment là que tu as perdu tout espoir d’avoir une mère. Pourtant bizarrement, tu l'as mal vécu. Ça t’a donné l’impression que tu faisais pas le poids face à ta petite soeur. Quand on est ado, on le vit mal ça. On le vit pas bien du tout même. Tu t'es renfermée et tu as prié ton père d’aller dans un collège pour filles, pour te forger le caractère. Il a refusé pendant longtemps, et tu es restée dans ton institution privée mixte. Franchement, tu as bien vécu jusque là. C’était pas trop terrible. T'étais un peu harcelée mais il suffisait de donner un coup de poing pour que les gens oublient. T'étais un vrai mec, et des fois on te confondait avec Hélios. Même coupe courte, mêmes égratignures partout sur le corps à cause du vélo, du skate ou du roller, même façon de parler… T’étais un vrai garçon manqué mais t'en avait rien à faire. Tant que t’étais heureuse, où était le problème?

▲▼ 2010 ; SOMEWHERE ALONG IN THE BITTERNESS ▲▼
14 ans à peine, t’entres au lycée. Freshman. La première des quatre longues années qui t’attendent. Avec Hélios à tes côtés tu pensais que t’aurais peur de rien. Le truc, c’est que toi t’étais "bizarre". T'étais un garçon manqué, surdouée, et fan de sciences et de sports extrêmes, qui faisait à peu près autant attention à son image qu’un singe ne fait attention à une feuille d’érable. T’étais pas jolie, il arrivait que tu débarques au lycée en jogging, pas coiffée ni maquillée, et tu t’en foutais. Il y avait bien quelques filles qui te chambraient un peu mais ça allait. Tu t'es inscrites à un club d'écologie, pour avoir des amis, et ça a marché. Parce que tu as rencontré le gars qui, selon toi, s’approche le plus de la notion de meilleur ami. Braendan Sharks . Il était adorable, le genre de mec qui serait vraiment beau sil faisait attention. Et toi t'étais plutôt avenante, t’avais peur de rien alors tu as décidé d’être amie avec lui, parce que c’était le seul qui essayait pas de me reluquer. Les mecs du club d'écologie voyaient rarement des filles. Ou alors elles étaient plus moches encore que toi. Bref, tu lui as parlé, et tu es devenue son amie. À l’époque c’était purement, complètement et totalement platonique. Un ami, juste un ami. Il était en dernière année parce qu’il avait deux ans de plus que toi, mais vous étiez devenus super pote, et puis, le fait qu’vous ayez tout deux des papas riches, ça aide à entretenir les liens. Les bons comptes font les bons amis. Mais les trois années suivantes, tu l’as moins vu, parce que tu as vécu l’enfer.


Quand tu as eu quinze ans, ta mère a décidé que c’était fini, et qu’il fallait que quelqu’un te prenne en charge à moins que tu veuilles finir lesbienne, ou à la débauche, bien que pour elle, ce soit du pareil au même. Elle t’a retiré de mon lycée, Éloignée d’Hélios, Hermès et Arès, et elle t’a foutue dans le même lycée privé pour fille que Circé. Uniforme obligatoire, look impeccable et interdiction de fumer, faire du skate ou du roller, c’était l’enfer. Tu détestais cet endroit. Les filles étaient insupportables et tu savais très bien que t'étais pas acceptée. Tes cheveux avaient poussé, c’est vrai, donc jtavais à peu près l’air d’être une fille, mais ça s’arrêtait là. T'en as vite eu marre alors tu as pas fait d’effort et tu t'es laissée faire. On t’a agressée, frappée, et insultée. Faut savoir que ça a pas l’air comme ça, mais c’est pute une fille. Et tu as rien dit. Ta soeur voyait ça tout les jours et elle n’a rien dit. Elle n’a parlé que quand tu as commencé à avoir des marques visibles sur le corps. Des bleus, des cicatrices, et égratignures. Elle est allée voir le principal, prétextant que tu te battais, pour que tu sois virée du lycée. Pas de chance, trois ou quatre élèves impopulaires ont pris ta défense, anonymement. Tu as passé une année infernale, mais au fond tu t'en foutais.

▲▼ 2013 ; HAD I KNOWN HOW TO SAVE A LIVE ▲▼
C’est l’été après ta deuxième année de lycée que tu as rencontré ton premier (enfin tu croyais) amour. Dan. il jouait dans un groupe punk indé et c’est à ce moment là que c’est parti dans tout les sens pour toi. Il avait quatre ans de plus, et à seize, dix-sept ans, c’est énorme quatre ans d’écart. Il t'emmenait à ses concerts, vous alliez dans les bois seuls, vous aviez tout partagé. Et ça t'avait redonné confiance. Parce que t'avais fait aucun effort pour l’avoir Dan. Tu es juste restée toi-même. Il t’a draguée devant le bar ou il faisait son concert pendant que tu fumais une clope, bière à la main. « Tu d’vrais pas boire. T’es surement mineure. » Il s'est tourné vers toi, le regard amusé, alors que tu le fixais, tirant, comme toujours, la gueule. « J’t’emmerde. Vieux pervers. » Silence gêné. Tu l'as vexé ou quoi. « Oh, le prends pas mal, si j’avais voulu être méchante, j’aurais dit vieux con, ou sale con, ou sale pervers, alors vieux pervers… C’est pas méchant. »Ouais. C’est un peu comme ça que ça a commencé. Bon t'’assume, t'étais hyper rustre. Mais tu t’en foutais parce que tu as vécu un été parfait. Quand les cours ont repris, ces pétasses ont été bien surprises que le vilain petit canard ait pécho. On t’a laissée tranquille pendant ta troisième année et tu as plus eu de soucis. Mais tu as toujours eu un karma foireux. Dan a fait une overdose dans son mini-van, c’est son bassiste qui l’a retrouvé. Tu es devenue folle alors que vous alliez bientôt fêter votre premier anniversaire. Tu as passé les premiers jours à pleurer sans quitter ta chambre. Ta mère en a eu marre de toi, t’a désinscrite du lycée et t’a réexpédiée chez ton père. Tu as pleuré, Tu n'en pouvais plus. Et tu as retrouvé ton meilleur ami. Et vous en avez passé des soirées jeux vidéos à savoir qui était le meilleur, des soirées pizza à regarder des slashers movie en se cachant les yeux, des soirées à rire et pleurer ensemble. Ensuite tu as été fièrement diplômée, et tu es passé à deux doigts d’être la reine du bal de promo. Enfin, à 32 voix plutôt. Mais t’étais pas loin! Tu as intégré l'université de Chicago pour être éditrice, et tu t'ai créé une bande, une famille. À vue de nez, Tu te débrouilles pas mal dans la vie finalement.