Depuis quand vivez-vous à Chicago ? réponse ici.
Que pensez-vous de la ville et de l'université qui s'y trouve ? réponse ici (si vous êtes salarié à l'université, point de vue à développer un peu plus).
Et vous, qu'avez-vous fait comme études ? Et où ? réponse ici.
MR. NOBODYNeuvième jour. Neuvième mois. Nine. Ca s'est imposé naturellement à eux à ce qu'il paraît, un murmure divin. C'est quand j'ai su ça, quand j'ai appris l'origine de mon blaze que j'ai définitivement arrêté de croire en quoique ce soit, Dieu ou les anges ou le Diable ou le Paradis ou l'Enfer. Mais, à dire vrai, c'est pas la seule chose qui déconne chez moi. C'est même la moins pire. Sérieusement. Outre le fait d'être un enfant qui a passé deux ans de sa vie dans un couvent entouré de nonnes, je suis aussi Monsieur Personne. Le vrai Monsieur Personne. Trouvé roulé en boule dans une vieille ruine, à moitié mort. Pas de papiers. Pas de date de naissance. Pas de nom. Pas d'âge. Pas de souvenirs. Pas de famille. Je suis né le neuvième jour du neuvième mois de l'année de mes huit ans, dans les bras d'une bonne soeur, sur le chemin du couvent. Avant ça c'est le néant. Le vide. Le black out. Et à chaque fois que j'essaye de me rappeler, je me prends un mur. Encore et encore. Jusqu'à avoir mal au crâne. Elles m'ont dit que j'étais un ange. Un enfant de Dieu. Tout droit tombé du ciel, envoyé par le Père des Hommes. Je n'avais pas de souvenirs parce que je sortais tout droit du vagin de la sainte Mère. Une nouvelle vie. Et puis j'ai grandi. Et il s'est avéré que j'étais plus Lucifer que Gabriel. Je venais d'en bas, pas d'en haut.
SOMEWHERE I BELONG« Zeeger ? Nine Zeeger ? » J'ai acquiescé.
« Nine ? Sans déconner ? » Sans déconner.
« Comme le chiffre ? » Non comme mon cul. J'ai acquiescé. Encore. Il m'a sorti un rire gras, un rire de commissaire divisionnaire qui biberonne un peu trop après le boulot. Un rire d'accro du donut. Ca a duré bien trois quatre minutes. Le temps qu'il arrête de s'étouffer. Et puis il a tripoté les feuilles devant lui, deux trois pages de tournées et deux trois haussements de sourcils. Finalement il a relevé les yeux vers moi, une expression de franche surprise sur son visage.
« Tu me surprends Zeeger. Je vais être franc avec toi petit, quand j'ai vu ta tronche et ta dégaine, genre gang of New York, je me suis dit : qu'est ce que c'est que ce bordel encore ? Et, sérieusement, ton dossier... - il a attrapé la pochette rouge pour me l'agiter sous le nez -
orphelin, allemand, amnésique, immigré, quatre familles d'accueil, un parcours scolaire chaotique .. T'as rien pour toi Nine. Sauf ça.. - deuxième dossier, bleu cette fois -
major de l'école de police, plus jeune membre du S.W.A.T de Denver, aucune intervention ratée, aucune bavure, blanc comme neige.. » Il s'est remit à délirer tout seul. Il a toussé. Et puis il a reprit, tout sourire.
« D'où tu sors petit ? » J'ai haussé les épaules.
« Aucune idée » Il a rit.
« Tu me plaît Nine. T'as l'air d'un petit con, mais un petit con efficace et j'aime ça. Bienvenue à Chicago. » Il m'a tendu une main. J'ai hésité. Mais je l'ai serré. Chicago hein ? Alors elle était là ? Quelque part dans ce labyrinthe de gratte ciel, quelque part perdue au milieu de cet océan ? Ma soeur.
MEMORIESElle s'appelait Jasmine. C'est tout ce que j'avais. Ca avait du bon de bosser à la criminelle. J'en avais découvert plus sur moi en deux ans qu'en vingt-quatre ans. Un nom de famille. Une année de naissance. Et maintenant une soeur. D'après son dossier, elle était étudiante à Chicago, orpheline, adoptée à l'âge de deux ans par une famille américaine 'carte gold', parcours scolaire brillant, célibataire, aucun casier, bénévole, engagée. Parfaite. Mon opposé. Pourquoi ? Six mois que je retournais la question dans ma tête. Pourquoi elle et pas moi ? Pourquoi Jasmine Ackermann avait été confiée aux services sociaux alors que j'avais été laissé pour mort au milieu des décombres ? Est ce qu'elle savait ? Est ce qu'elle avait oublié elle aussi ? Ou est-ce que j'étais le seul ? Elle avait une date de naissance, une vraie date de naissance écrite en toute lettres sur son dossier, un acte de naissance, un nom, un passé. Et des réponses. Je la haïssais. Je la haïssais avant de la connaitre. J'avais pas envie de la voir, d'entendre sa voix, de voir son visage. Mais mon besoin de réponses et ma fierté étaient entrés en guerre. Et ma curiosité avait gagné. C'est le truc chiant avec les amnésiques, t'as toujours l'impression qu'il te manque un truc, un bout de quelque chose. Comment je peux savoir où je dois aller si je sais même pas d'où je viens ? Comment retrouver le Nord sans savoir où est le Sud ? Est-ce que quelqu'un sait que j'existe ? Est-ce que quelqu'un m'attend depuis tout ce temps ? Est-ce que quelqu'un pense à moi ? Pourquoi ? Qui ? Comment ? Que s'est-il passé ? Qu'est ce que j'ai fait ? Questions. Questions. Questions. Et ça te ronge jusqu'à la moëlle. T'en deviens fou. C'est pas une maladie, c'est un poison. Ca s'infiltre dans tes veines, et ça te tue doucement. Et le seul antidote c'est la vérité. Les réponses. Je crois. C'est du quitte ou double. Soit tu guéris, soit t'en crève. Denver à Chicago. Tout ça pour elle. Pour cette fille que je détestais déjà. Pour cette fille que je devais trouver.
BEAUTY AND A BEAST